Tests truqués dans l’automobile : supprimer le secret industriel !25/01/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/01/2530.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Tests truqués dans l’automobile : supprimer le secret industriel !

Face au nouvel épisode de pollution aux particules fines, des restrictions de circulation ont été reconduites à Paris, Lyon et Grenoble. Si les transports ne représentent que 15 % des rejets de particules fines, loin derrière l’industrie, le chauffage au bois ou les engrais agricoles, leur contribution peut monter à 50 % dans les grandes villes congestionnées par la circulation automobile.

Agir pour préserver la santé des citadins est vital. Encore faut-il que les mesures prises ne soient pas seulement une posture et que toute l’organisation de l’économie ne les rende pas inefficaces.

Plusieurs rapports révèlent comment les constructeurs automobiles ont trafiqué les tests de pollution de leurs véhicules diesel. En septembre 2015, Volkswagen était pris la main dans le sac par l’agence américaine de protection de l’environnement pour avoir installé, sur 11 millions de véhicules dans le monde, un logiciel sous-estimant les rejets d’oxyde d’azote. Depuis, les enquêtes se sont multipliées, montrant que tous les constructeurs ont les mêmes pratiques. Le parquet de Paris vient d’ouvrir une information judiciaire contre Renault pour « tromperie sur les qualités substantielles et les contrôles effectués ». Aux États-Unis, Fiat Chrysler est sur la sellette. Après avoir étudié 230 modèles de véhicules, l’ONG Transports et environnement a établi un classement des constructeurs. En émettant deux fois plus de particules que la norme Euro 6, Volkswagen fait figure de bon élève à côté de Renault-Nissan, Fiat ou Opel, dont les véhicules en émettraient dix à douze fois plus !

Pris sur le fait, les constructeurs invoquent les difficultés techniques ou la sécurité et promettent qu’ils vont agir. Christian Peugeot, au nom des constructeurs automobiles français, a ainsi déclaré devant une commission d’enquête : « La construction automobile est une industrie lourde, nous ne pouvons pas prendre de décision du jour au lendemain. »

La vérité, c’est qu’ils jouent la montre pour retarder l’instauration de normes plus restrictives et qu’ils trichent quand la loi finit par les leur imposer. Face à ces agissements criminels, il faudrait supprimer le secret industriel, pour permettre aux milliers de travailleurs, techniciens ou ingénieurs, de rendre publiques les fraudes organisées dont ils ont connaissance sans risquer d’être licenciés.

En avril dernier, les députés européens PS, LR et FN ont fait exactement l’inverse, en votant une directive renforçant le secret des affaires. Cela juge leurs discours sur la pollution.

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