Le protectionnisme ne protège que les patrons25/01/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/01/2530.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Nathalie Arthaud, candidate communiste – Faire entendre le camp des travailleurs

Le protectionnisme ne protège que les patrons

Le 19 janvier, Mélenchon, en meeting à Florange, a défendu le protectionnisme. Mais, même affublé de l’adjectif « social », pour se démarquer de ses rivaux sur le terrain électoral, notamment Le Pen, c’est là une politique pour les patrons, tout comme d’ailleurs le libre-échange. Vouloir choisir entre ces deux options, c’est raisonner du point de vue des problèmes de la bourgeoisie et priver la classe ouvrière d’une politique propre.

Les adeptes du protectionnisme prétendent que cela pourrait protéger les classes populaires d’un pays. Mais c’est faux. Tant que l’économie est aux mains des capitalistes, défendre le protectionnisme revient à se ranger derrière les patrons nationaux contre leurs concurrents d’autres pays. C’est rendre les travailleurs solidaires de leurs exploiteurs sous prétexte qu’ils ont la même nationalité qu’eux.

Les patrons comptent chacun sur leur État pour protéger leur marché national, pour en faire leur chasse gardée. Une politique protectionniste aurait l’avantage pour eux de limiter la concurrence et de leur permettre d’augmenter les prix. Mais ce n’est pas l’intérêt des classes populaires, qui en paieraient les conséquences. Ainsi, aux Antilles, les entreprises des transports et de la distribution profitent d’une situation de monopole pour imposer des prix exorbitants.

La protection des entreprises contre la concurrence sert d’ailleurs aussi à justifier le soutien financier que l’État leur fournit… et qu’il prend pour cela aux classes populaires.

Certains protectionnistes prétendent combat tre le fait que les marchandises en provenance d’autres pays seraient moins chères parce qu’elles sont produites dans des conditions de travail plus mauvaises. Mais les capitalistes bien français n’hésitent pas à exploiter la main-d’oeuvre bon marché des pays pauvres. Leur problème n’est pas la nationalité des ouvriers qui produisent, mais le nom du capitaliste qui empoche le profit ! Les travailleurs n’ont pas à défendre les entreprises de leur pays contre leurs concurrentes mais bien, partout, à combattre la dégradation des conditions de travail.

Enfin, le plus grand danger pour les travailleurs qui se laisseraient attirer par la propagande protectionniste serait de se laisser diviser selon leur nationalité. Les grands patrons de différents pays sont en concurrence entre eux, mais les travailleurs ne le sont pas : ils ont des intérêts communs, qu’ils ne peuvent défendre que s’ils en sont conscients et ne laissent pas leur colère et leur énergie être détournées des vrais responsables de la situation, pour se tourner contre leurs frères de classe.

Sur toute la planète, les patrons veulent produire plus avec moins de travailleurs et étendent le fléau du chômage. Mais ce n’est pas en prenant la défense d’une fraction des capitalistes que la classe ouvrière fera reculer celui-ci, mais en imposant la répartition du travail entre tous, sans perte de salaire, et l’unification des conditions de rémunération et d’emploi.

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