Hamon et Valls, les deux visages d’un PS aux ordres du grand patronat25/01/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/01/2530.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Hamon et Valls, les deux visages d’un PS aux ordres du grand patronat

Si la sanction infligée à Valls au premier tour de la primaire du PS se confirme au second, aucun travailleur ne le regrettera. Valls incarne depuis longtemps l’aile droite du PS, qui voudrait que ce parti cesse de se dire socialiste. Depuis 2012, comme ministre de l’Intérieur puis comme Premier ministre, il s’est posé en champion de l’ordre et du conservatisme. Avec arrogance, Valls a mené une politique entièrement dévouée au grand patronat qui, de la loi Macron à la loi travail et à toutes les aides accordées aux entreprises, n’a eu qu’à se féliciter d’un tel serviteur. Et ses contorsions de dernière minute, qui l’ont vu prôner l’abrogation d’un article 49.3 dont il a abusé, sont aussi ridicules que celles d’un marchand de canons qui plaiderait pour la paix dans le monde.

Les commentateurs expliquent que le PS serait maintenant scindé en « deux gauches irréconciliables ». Quelle blague ! Avec un discours un peu plus à gauche, Hamon a touché nombre d’électeurs PS déçus par le quinquennat. Mais il en est tout autant responsable. Comme Valls, Hamon est au PS depuis trente ans. Comme Valls, Hamon a fait campagne pour Hollande en 2012. Comme Valls, il est devenu ministre. En 2014, il a fait partie de ceux qui, au sein du gouvernement, ont soutenu Valls pour qu’il remplace Ayrault – on a connu plus irréconciliables !

Dans sa campagne, Hamon a cherché à se singulariser avec la proposition d’un revenu universel de 750 euros d’ici à 2022. Ce dont les classes populaires ont besoin, c’est d’un travail avec un salaire décent, qui ne devrait pas être inférieur à 1 800 euros net.

Hamon explique que le travail va se raréfier en raison de la robotisation. Mais le fait sque les robots se multiplient n’est un problème que parce que le capitalisme est un système reposant sur l’exploitation. Pourquoi le machinisme et le progrès technique ne pourraient-ils servir à diminuer le temps de travail de tous, sans perte de salaire, en prenant sur les profits pour financer les emplois ? Cela, Hamon ne l’envisage même pas. Face au chômage de masse, face aux licenciements, il ne veut pas de mesure qui gêne le grand capital.

Cette semaine, par exemple, la firme textile Vivarte (André, Kookaï, La Halle aux chaussures, La Halle aux vêtements, Caroll…) annonce des centaines de suppressions d’emplois, après en avoir déjà supprimé 2 000 depuis deux ans. L’entreprise dit aujourd’hui faire des pertes. Mais Vivarte a généreusement distribué des dividendes pendant des années. Et, bien que domiciliée fiscalement au Luxembourg, cette entreprise, qui appartient à des fonds d’investissement, a été gavée d’argent public. Vivarte a ainsi reçu 45 millions de CICE, cette aide publique scandaleuse lancée en 2013… quand Hamon était ministre. Eh bien, la seule politique utile au monde du travail face à ces prédateurs n’est pas un revenu à 750 euros pour les salariés devenus chômeurs, mais l’interdiction des licenciements et le maintien de tous les emplois, en prenant sur les profits passés !

Si le second tour confirme le succès de Hamon, peut-être mordra-t-il sur l’électorat de Jean-Luc Mélenchon. En tout cas, avec Macron, tous trois incarnent la gauche gouvernementale, passée, présente et à venir. Cela fait très longtemps que cette gauche, dans ses différentes nuances de rose, ne veut rien faire contre les intérêts du patronat, et se condamne ainsi à trahir ses électeurs des classes populaires.

Cela fait longtemps que le PS est un parti de gouvernement, serviteur loyal du capitalisme. Il en a encore fait la démonstration pendant les cinq ans qui s’achèvent, ouvrant un boulevard au Front national et à une droite qui veulent aggraver encore les attaques antiouvrières.

Alors, les travailleurs n’ont pas besoin d’un PS ou d’une gauche rénovée, ou encore d’une « vraie gauche », à même de tromper de nouveau les électeurs des classes populaires.

Ce dont les travailleurs ont besoin, c’est d’un parti qui défende vraiment leurs intérêts. Un parti qui combatte les politiciens, faux amis comme vrais ennemis. Un parti qui s’en prenne à la bourgeoisie. Un parti qui prépare les travailleurs à se battre pour défendre leurs intérêts de classe, par la grève et les mobilisations de masse. Il faut un parti qui soit vraiment celui du camp des travailleurs.

C’est pour affirmer cette nécessité, pour que tous ceux qui en sont conscients puissent l’exprimer, que Nathalie Arthaud, au nom de Lutte ouvrière, sera candidate à l’élection présidentielle.

Éditorial des bulletins d’entreprise du 23 janvier 2017

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