Dans les entreprises

Fessenheim : une fermeture qui inquiète le personnel

Le conseil d’administration d’EDF s’est prononcé pour la fermeture de la centrale nucléaire alsacienne de Fessenheim. Tous les représentants du personnel ont voté contre. D’ailleurs, la veille, les employés du site avaient fait grève et manifesté pour marquer leur désaccord, et la petite ville avait été plongée dans le noir.

Mais, face aux six représentants du personnel, il y avait six représentants « indépendants » dont un ayant double voix, le PDG Jean-Bernard Lévy. C’est donc avec cette voix supplémentaire que la décision a été prise, le PDG votant contre le personnel.

Cette fermeture avait été promise par Hollande, au début de son mandat, à ses alliés d’alors d’Europe écologie-Les Verts. Et il veut donc tenir parole juste avant de s’en aller.

Il est vrai que la centrale de Fessenheim est la plus ancienne parmi les centrales, mais d’importants travaux de maintenance y ont été réalisés, et l’ASN, l’Autorité de sûreté nucléaire, avait donné son accord pour qu’elle continue de fonctionner. Du point de vue économique, Fessenheim fournit la majeure partie de l’électricité alsacienne et sa fermeture posera problème.

De toute façon, cela n’est pas pour tout de suite. La fermeture ne devrait pas avoir lieu avant 2018, et surtout pas avant que la centrale EPR en construction à Flamanville entre en fonctionnement. Certes, le courant produit par l’EPR, s’il finit un jour par marcher, compensera la perte de Fessenheim mais ce sera à 750 kilomètres à l’ouest de l’Alsace, à vol d’oiseau... ce qui n’est pas commode pour y faire venir l’électricité.

En outre, pour compenser la perte d’exploitation, l’État devra verser 450 millions d’euros à EDF. Mais, comme l’État en est propriétaire à 85 %, l’argent fera en quelque sorte un aller et retour.

Si tout cela finit par se faire, rien ne dit que la centrale de Fessenheim sera finalement arrêtée. En 2018 ce sera probablement Fillon qui sera président de la République. Or il s’est prononcé pour continuer le nucléaire et pour le maintien de Fessenheim.

Parmi les politiciens qui débattent de Fessenheim, bien peu se soucient du sort des 2 200 salariés du site. Une partie de ceux-ci ont le statut EDF, et donc ne devraient en principe pas être licenciés en cas de fermeture. Mais on leur demandera peut-être d’aller se reconvertir dans une autre région, avec d’autres fonctions. Quant aux salariés sous-traitants, rien n’est prévu pour eux.

On comprend donc que les travailleurs de Fessenheim soient sur leurs gardes, décidés à s’opposer aux décisions d’EDF.

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