Côte d’Ivoire : la colère monte25/01/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/01/2530.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Côte d’Ivoire : la colère monte

En Côte d’Ivoire, des mutineries de l’armée ont eu lieu début janvier dans plusieurs régions. Dans le même temps s’est déroulée une grève générale des fonctionnaires. Lundi 23 janvier, ce sont les pompiers qui ont manifesté avant d’être dispersés par les forces de répression. Nos camarades de l’Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (UATCI-UCI) décrivent dans leur journal Le Pouvoir aux Travailleurs la contestation sociale qui règne aujourd’hui dans le pays.

Les mutineries

Comme une traînée de poudre depuis Bouaké, les soldats des différentes garnisons du pays ont rallié le mouvement de colère des soldats. Le samedi 7 janvier, les soldats du plus grand camp militaire d’Abidjan sont aussi entrés en mutinerie. Ils se sont manifestés par des rafales de tirs à l’intérieur de la caserne… À Bouaké, aucun véhicule n’était autorisé à entrer ou à sortir. La ville était sous le contrôle des mutins qui y paradaient dans des véhicules arrachés à la police ou aux particuliers.

Les mutins réclament le versement d’une prime dite “Ecomog’’, la revalorisation de leurs salaires, la réduction du temps de passage des grades supérieurs à quatre ans au lieu de sept, et un logement pour chacun d’eux. Sur une chaîne de radio, l’un des porte-­parole dit : « Dans l’armée, nous n’avons pas de syndicats, c’est le seul moyen que nous avons de nous exprimer. On ne veut de mal à personne, mais le président doit nous entendre. » Et le président semble les avoir entendus…

Actuellement, la population ivoirienne vit dans une certaine contradiction. D’un côté, il y a les grands discours du gouvernement sur la croissance économique et sa politique de grands travaux, de l’autre, il y a le quotidien morose de la plupart des Ivoiriens. C’est à vue d’œil que les usines, les autoroutes, les échangeurs et autres bâtiments cossus fleurissent à travers le pays, les grosses cylindrées battent de plus en plus le pavé des villes, confirmant bien une embellie dans les affaires, sans aucune retombée pour les petites gens. Bien au contraire, le loyer, le prix du transport et des produits de première nécessité sont en hausse continue. La grogne est palpable au sein de la population. Les soldats du rang qui font partie du petit peuple n’échappent donc pas au mécontentement général. Ils ne sont pas plus de dix mille mais comme ils savent faire parler la poudre, les autorités sont bien obligées de leur prêter une oreille attentive…

La grève des fonctionnaires

Voilà bientôt une semaine qu’une grève de fonctionnaires et agents de l’État (officiellement 200 000 personnes) est largement suivie. Et pourtant cela n’a pas l’air d’indisposer les dirigeants du pays…

C’est une attaque du gouvernement sur la retraite des fonctionnaires qui est à l’origine de ce mouvement de grève qui touche notamment les secteurs de la santé, de l’administration, et de l’enseignement.

En effet, le gouvernement veut appliquer une réforme sur la retraite décidée en 2012. Il voudrait baisser la pension de retraite des fonctionnaires au niveau de celle du secteur privé, tout en augmentant la cotisation. De plus, en cas de décès, le conjoint vivant devra attendre cinq ans de plus avant de percevoir cette pension.

Mais les fonctionnaires ont de nombreuses autres revendications à faire valoir. Parmi elles, il y a l’intégration des journaliers de la fonction publique. D’autant plus que certains d’entre eux continuent même à être payés au taux de l’ancien smig. Les enseignants, de leur côté, ont des arriérés impayés. De façon générale, les fonctionnaires demandent une revalorisation de leurs salaires et une amélioration de leurs conditions de travail, mais le gouvernement demeure sourd face à leurs revendications, d’autant plus qu’il semble considérer que cette grève ne le gêne pas pour l’instant outre mesure…

Le gouvernement a d’autant moins peur de ce mouvement de grève que les dirigeants qui sont à sa tête ne proposent aucune politique pour tenter de l’étendre vers les travailleurs du secteur privé, notamment vers les ouvriers de l’industrie, du bâtiment et du port. Ils ne proposent même pas de l’étendre vers les enseignants du privé ou des cliniques privées, etc. Pourtant tous ceux-là ont encore plus de problèmes de salaire et de conditions de travail qui ne cessent de se dégrader, et pourraient facilement se rallier à ce mouvement de grève. Ce qui pourrait changer radicalement le rapport de force.

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