Grande distribution : répartir le travail entre tous18/01/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/01/2529.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Grande distribution : répartir le travail entre tous

Le syndicat CFDT des magasins Auchan vient de lancer une campagne contre l’automatisation des caisses, voyant là la menace responsable de la suppression de 2 000 emplois de caissières dans les prochaines années. On comprend bien sûr l’inquiétude des caissières, mais l’automatisation des caisses est-elle le vrai problème ?

Dans les années 1960, le système des supermarchés a été conçu pour faire en sorte que dans ce type de commerce, les clients eux-mêmes fassent une partie du travail. Ils doivent utiliser leur voiture et payer l’essence pour faire leurs courses, se déplacer dans les rayons pour charger leurs courses dans les chariots, déposer eux-mêmes sur les tapis roulants des caisses leurs produits et les charger dans leur coffre. Grâce à ces économies importantes réalisées sur le travail des employés, les Leclerc, la famille Mulliez (Auchan), la famille Halley (Carrefour) ou Jean-Charles Naouri (Casino), ont bâti leur immense fortune.

L’idée des caisses automatiques est dans la continuité de cette politique. Il est évident que pour les patrons, ce système n’a qu’un intérêt : accroître leurs profits en réduisant le nombre d’emplois et en diminuant la masse salariale.

Mais cela fait des années qu’Auchan supprime des emplois dans différents secteurs. La direction a eu une politique de fusion des rayons pour diminuer le nombre de travailleurs dans chaque rayon. Elle a cherché à augmenter l’amplitude des heures de travail en faisant commencer certains salariés à 3 heures du matin. Elle a aussi centralisé des services administratifs. Des milliers d’emplois ont été supprimés ainsi, sans plan de licenciements et même sans automatisation. Les derniers exemples à Auchan Tourcoing ont illustré ce que peut être la pression et l’exploitation dans ces magasins. Tous les jours, les travailleurs doivent courir dans les rayons, endurer la pression des chefs, les menaces etc. Et les caissières n’ont pas attendu la venue des caisses automatiques pour voir leurs conditions de travail se dégrader. La pression est importante pour ne pas prendre les pauses ou pour aller le plus vite possible, d’autant plus que la queue des clients aux caisses exerce aussi une grande pression dans ce sens.

Centrer le problème sur celui des caisses automatiques est se tromper d’objectif. L’automatisation n’est pas responsable des suppressions d’emplois. Cette idée revient à camoufler les vrais responsables qui sont les capitalistes et leur avidité de profit. La famille Mulliez est à la tête d’une fortune estimée à 26 milliards d’euros, en augmentation de 13 % en un an. Autant dire qu’ils ont largement de quoi financer le maintien et même la création de milliers d’emplois pour répartir le travail entre tous, caisses automatiques ou pas.

Les caissières n’ont pas à choisir leur outil d’exploitation entre les caisses auto­matiques ou les caisses figées sur lesquelles elles multiplient les maladies professionnelles telles que les troubles musculo-squelettiques. En revanche, elles et tout le personnel de la grande distribution ont un combat à mener contre le patronat du secteur pour imposer qu’il prenne sur ses profits pour améliorer les conditions de travail et réduire les horaires tout en maintenant les salaires et les emplois.

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