Droit à l’IVG : entre réacs et hypocrites07/12/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/12/2523.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Droit à l’IVG : entre réacs et hypocrites

Mercredi 30 novembre, l’Assemblée nationale a voté une loi condamnant des sites Internet qui font de la désinformation sur l’avortement pour s’y opposer. Les contrevenants encourent jusqu’à deux ans de prison et trente mille euros d’amende.

Ces sites aux noms presque officiels comme Ivg.net ou avortement.net prétendent apporter une écoute ou un accompagnement à l’avortement. En fait, lorsqu’une femme appelle, croyant avoir affaire à un site comparable au Planning familial, elle trouve au bout du fil quelqu’un qui tente de la dissuader d’avorter, à l’aide d’arguments spécieux, évoquant un enfant au lieu d’un embryon, parlant du taux de suicide des femmes après avortement, etc. Certains sites vont même jusqu’à harceler les femmes qui ont eu le malheur de laisser leur numéro de téléphone.

Avant le vote de cette loi, une partie de la droite et de l’extrême droite et tous les opposants à l’IVG se sont déchaînés, au nom de la défense de la liberté d’expression. Le président de la Conférence des évêques de France, dans une lettre à Hollande, évoque « une atteinte très grave aux principes de la démocratie ». S’avancer masqué, proférer des mensonges, pour ces religieux bien jésuites, c’est défendre la démocratie !

Les arguments de tous ces réactionnaires ont de quoi faire bondir mais de son côté, cette loi du gouvernement à six mois des élections constitue une opération politique bien dérisoire. Le droit à l’avortement est bien plus menacé aujourd’hui par la fermeture de certains plannings familiaux, minés par la baisse des subventions des collectivités, ou par la fermeture des centres IVG, que par la propagande des intégristes catholiques. Aujourd’hui, près de 5 000 femmes par an sont contraintes d’aller avorter à l’étranger parce que les délais d’attente sont trop longs. En dix ans, 180 centres IVG ont fermé.

Si le gouvernement voulait vraiment garantir le droit à l’avortement, il devrait commencer par ouvrir de nouveaux centres et permettre à ceux qui existent de fonctionner.

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