État d’urgence : vers un régime d’exception permanent ?16/11/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/11/2520.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

État d’urgence : vers un régime d’exception permanent ?

Lors d’une interview sur la BBC dimanche 14 novembre, Manuel Valls a exprimé sa volonté de prolonger une nouvelle fois l’état d’urgence, au moins jusqu’en janvier 2017. Ce régime d’exception permet aux autorités d’interpeller, de contrôler plus facilement, de perquisitionner de jour comme de nuit sans contrôle de la justice et d’assigner à résidence des personnes soupçonnées de terrorisme.

Ces mesures censées assurer la sécurité renforcent les pouvoirs de l’État et ont des conséquences pour l’ensemble de la population. Plus de 10 000 soldats en uniforme et gilet pare-balles se promènent désormais dans les rues avec des armes de guerre. Les policiers ont droit de porter leur arme en permanence. Les possibilités de surveillance électronique ont été multipliées. La prolongation de ces mesures banalise la réduction de certaines libertés élémentaires. Elles ont d’ailleurs été utilisées par le gouvernement contre des opposants à sa politique, comme l’ont montré l’assignation à résidence des manifestants contre la COP 21 ou encore les conditions draconiennes imposées à des manifestations contre la loi travail.

Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a réuni les préfets et les procureurs pour se vanter devant eux de son bilan, avec en un an 500 interpellations, 600 armes à feu saisies, 80 expulsions de personnes liées à la mouvance djihadiste et le blocage de 54 sites Internet faisant l’apologie du terrorisme.

Ces annonces permettent au gouvernement, et en particulier au Premier ministre, qui se positionne en solution pour le cas où Hollande ne serait finalement pas candidat à la présidentielle, de s’afficher en rempart contre le terrorisme. Cela a aussi l’avantage de parler d’autre chose que du bilan calamiteux de son gouvernement pour le monde du travail.

L’état d’urgence mis en place après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris n’a en rien empêché le massacre commis à Nice le 14 juillet. Sa prolongation n’a que peu de chances d’empêcher de nouveaux attentats, tant la politique menée par les grandes puissances, en particulier au Moyen-Orient, crée un terreau de misère et de désespoir sur lequel poussent les vocations terroristes, là-bas comme ici.

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