Dans le monde

Espagne : le PSOE remet le gouvernement à Rajoy

En Espagne, le long feuilleton politicien qui devait déboucher après les élections générales de juin 2016 sur la constitution d’un nouveau gouvernement a finalement trouvé un dénouement.

Mariano Rajoy, le président du gouvernement précédent et leader du parti de droite, le Parti populaire (PP), restera en place, même s’il n’est pas élu par une majorité de députés. En effet la Constitution espagnole permet que, dans ce cas, une seconde consultation soit organisée au sein du Parlement et il suffit alors que les votes contre ne deviennent pas majoritaires. Reste que le roi doit donner son aval au chef du gouvernement issu de toutes ces manœuvres. Mais son accord est acquis.

Si tout cela avait échoué, de nouvelles élections auraient dû avoir lieu d’ici Noël. Les dirigeants du Parti socialiste, le PSOE, voulaient éviter une élection de plus, vu leurs reculs électoraux successifs depuis deux ans. Nos camarades de Voz obrera commentent en ces termes la situation actuelle dans leur éditorial des bulletins d’entreprise du 24 octobre :

Dimanche 23 octobre, le comité fédéral du PSOE a approuvé l’abstention lors du second vote concernant l’élection de Rajoy. Cela signifie que, de façon indirecte, ce parti va permettre que se constitue un gouvernement corrompu qui projette de réduire les services publics, les retraites, les salaires, en même temps qu’il augmentera la précarité, les licenciements et tout ce qui permet aux grandes entreprises et aux banques de maintenir leurs bénéfices.

Il est déjà prévu une coupe de cinq milliards dans les budgets et Rajoy a annoncé à Bruxelles que la caisse de réserve a déjà été dépensée, ce qui signifie qu’en 2017, la prime exceptionnelle de Noël ne sera pas payée. Ce n’est pas une simple menace : les mesures d’austérité sont dans les tiroirs. Ils veulent aussi baisser les pensions de retraite en prétextant qu’avec les emplois précaires et le niveau des salaires des jeunes, il est impossible de financer le système actuel.

Ceux des socialistes qui sont favorables à l’abstention, de Susana Diaz, qui préside le Parlement d’Andalousie, à Felipe Gonzalez, élu président du gouvernement socialiste en 1982, en passant par d’autres figures marquantes du PSOE, savent quelle politique mèneront Rajoy et les siens. Mais ils visent à gagner du temps d’ici les prochaines élections. De plus, comme leurs rivaux du PP, ils veulent défendre les intérêts des possédants, maintenir en place le système capitaliste et l’exploitation du monde ouvrier. Ils sont vendus depuis longtemps aux intérêts du grand capital et se sont toujours soumis aux exigences des conseils d’administration et des banquiers. Le « S » et le « O » de PSOE (pour Parti socialiste ouvrier espagnol) sont des références qu’ils ont abandonnées depuis de nombreuses années.

Mais la réalité est têtue. Il n’y a pas de solution dans ce système capitaliste en crise, une crise que nous payons, nous les travailleurs, parce que le capital se nourrit des bénéfices réalisés sur notre dos, (….) bénéfices indispensables pour faire survivre leur société. Une société où le cirque parlementaire ne fait que contribuer à tromper les travailleurs.

Dans les mois à venir, le monde du travail n’aura pas d’autre solution que de se mobiliser. C’est la perspective qu’ouvrent devant nous le gouvernement et le capitalisme : lutter jusqu’à mettre un coup d’arrêt aux attaques du gouvernement et du patronat.

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