Leur société

Remplacement des enseignants : il faudrait d’abord en recruter plus

Pas une journée sans manifestations devant une école ou un rectorat, pour réclamer le remplacement d’un enseignant malade, en congé maternité ou même tout simplement sa nomination sur un poste vacant. L’association de parents d’élèves FCPE chiffre à 4 700 le nombre de jours d’enseignement supprimés de la maternelle au lycée depuis début septembre, et à 40 000 pour l’année dernière.

Face à cette situation inacceptable, la ministre de l’Éducation nationale a annoncé mardi 18 octobre un nouveau plan censé améliorer les remplacements. Pour éviter de parler des recrutements nécessaires, la ministre recycle d’anciennes mesures destinées à faire mine de répondre au problème. Elle propose de donner la priorité aux classes à examen et aux écoles à classe unique, ce qui revient à entériner la pénurie.

Pour la ministre Najat Vallaud-Belkacem, le problème viendrait du trop grand nombre d’arrêts maladie de courte durée qui empêcherait de remplacer les enseignants, ou encore de barrières administratives limitant les possibilités de nommer des remplaçants à plus de 20 kilomètres de leur établissement de rattachement.

Les mesures préconisées par la ministre reviennent pour l’essentiel à alourdir la charge de travail des enseignants déjà en poste. Pour limiter les absences, elle propose de programmer les examens en dehors de leur emploi du temps, ou encore de reporter la formation professionnelle aux vacances scolaires.

La ministre voudrait pousser les enseignants, en plus de leur journée de travail, à remplacer au pied levé leurs collègues absents. Ce projet, irréalisable dans les faits, reviendrait à leur faire faire de la garderie. Au-delà de la désinvolture, cette proposition montre en fin de compte le mépris des gouvernants quant au sort des enfants scolarisés.

Aux parents, la ministre promet de mieux les informer des absences des enseignants. Ils pourront ainsi se voir confirmer au jour le jour, et semaine après semaine, que leurs enfants n’ont toujours pas cours.

Voulant convaincre, Najat Vallaud-Belkacem s’est vantée de la création de 5 000 postes de remplaçants au cours du quinquennat ; on en serait en réalité à 3 500. Mais ces nouveaux postes de remplaçants font en réalité déjà partie des 60 000 recrutements promis par Hollande, qui ne compensent même pas les 80 000 postes supprimés par Sarkozy. Ces créations ne répondent en rien aux besoins supplémentaires liés à l’augmentation du nombre d’élèves. Les enseignants censés être en réserve, pour remplacer au pied levé des professeurs absents, sont souvent déjà nommés sur des postes à l’année pour boucher les trous.

Face à cette situation scandaleuse, le gouvernement laisse le système scolaire se dégrader, et les familles gérer comme elles peuvent la pénurie d’enseignants.

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