Embauches à Renault : plus rapide à dire qu’à faire19/10/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/10/2516.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Embauches à Renault : plus rapide à dire qu’à faire

En chœur, les médias ont relayé la communication du PDG de Renault, Carlos Ghosn, qui a annoncé au Salon de l’auto une opération de 1 000 embauches en CDI d’ici fin 2016. Qu’importe que pas une seule n’ait encore eu lieu, ni que le précédent plan de 1 000 embauches, annoncées en février dernier, soit encore loin d’être terminé, et pas plus celui de 2015…

À l’usine de Flins, par exemple, la direction devait embaucher 112 personnes en 2015. Seules 79 l’étaient à la fin de l’année, et il lui a fallu tout le premier semestre 2016 pour finir l’opération. À la fin du mois de septembre 2016, les 235 embauches prévues pour 2016 n’avaient donné lieu qu’à 117 contrats CDI. On ne sait pas encore combien d’embauches sont prévues dans le nouveau plan, mais on peut être sûr qu’elles ne seront pas réalisées en 2016.

Pour la direction, au moment où elle entame des négociations avec les syndicats pour la mise place d’un nouveau plan de compétitivité pour la période 2017-2019, seule compte la communication sur les prétendus effets positifs de tels accords. L’annonce bluffe peut-être les visiteurs du Salon de l’auto, mais certainement pas les travailleurs qui subissent en continu des suppressions de postes et d’emplois.

Car les annonces de plans d’embauche ont beau se succéder, les effectifs ne cessent de baisser.

Le premier accord de compétitivité signé en mars 2013, arrivant à échéance à la fin de cette année, avait pour objectif de recruter 760 travailleurs sur trois ans, mais surtout d’en faire partir, d’une façon ou d’une autre, 8 260.

Arrivés au terme des trois ans, direction et syndicats signataires mettent en avant 3 000 embauches, dont beaucoup sont encore virtuelles. Ils sont en revanche beaucoup plus discrets sur la réalité des départs, qui atteindront quasiment les 10 000 d’ici la fin de l’année (9 847 selon la direction).

Il y a quinze ans, les établissements Renault en France regroupaient encore 44 959 salariés. Fin 2015, il n’y en avait plus que 30 953, et encore moins aujourd’hui. Les seules catégories de travailleurs en augmentation constante, ce sont les ingénieurs… et les intérimaires.

Pour la production, la direction n’embauche que contrainte et forcée. Quand un travailleur part, il est remplacé par un travailleur intérimaire. Ils sont ainsi aujourd’hui plus de 9 000 travailleurs sur le groupe, quasiment exclusivement en production. Ils en constituent à présent la majorité de l’effectif.

La direction prépare le terrain pour son prochain accord de compétitivité, mais les travailleurs sont nombreux à être sur leurs gardes. Ils subissent les effets désastreux du précédent accord : un allongement important du temps de travail (18 à 21 jours de travail supplémentaires par an), un blocage complet des salaires, un accroissement de la charge de travail pour chacun.

Et la direction annonce déjà d’autres mauvais coups. Par exemple, pour ceux qui ne sont pas en équipe, au minimum, ce serait la fin des dispenses d’activité, qui permettaient, sous condition, de partir avant l’âge de la retraite.

Les perspectives d’embauche, même vagues, suscitent néanmoins de l’espoir pour beaucoup d’intérimaires. Mais le mépris de la direction, qui exige divers diplômes pour faire le même travail en CDI, et qui de plus multiplie les erreurs de paie, exaspère un nombre croissant d’entre eux.

Rien d’étonnant donc si, après l’inquiétude, le mécontentement monte. À force de s’attaquer à chacun, la direction risque de provoquer la colère de tous.

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