Sécurité sociale : économies aux dépens des assurés28/09/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/09/p6_secu_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C121%2C635%2C479_crop_detail.jpg

Leur société

Sécurité sociale : économies aux dépens des assurés

« En 2017, le trou de la Sécu aura disparu. » : c’est avec cette annonce choc que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a présenté le 23 septembre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Dans celui-ci, le déficit du régime général pour 2017 devrait descendre à 400 millions d’euros, soit moins de 1 % de son budget.

Illustration - économies aux dépens des assurés

Cette annonce tombe opportunément, à quelques mois de l’élection présidentielle. La ministre de la Santé ne s’est pas privée de présenter le gouvernement en sauveur de la Sécurité sociale.

Ni lui ni ses prédécesseurs n’ont sauvé en tout cas l’accès aux soins des travailleurs. Depuis plusieurs décennies, le trou de la Sécurité sociale sert de prétexte pour baisser ou cesser totalement les remboursements de certains médicaments et pour restreindre les dépenses hospitalières. Il a servi de prétexte aussi pour instaurer puis augmenter régulièrement le forfait hospitalier, les franchises sur les consultations, les actes médicaux, les transports sanitaires et les médicaments. Les travailleurs paient donc plus pour être moins remboursés, voire pas du tout. Au point qu’aller chez le dentiste ou acheter des lunettes est devenu inenvisageable pour les plus pauvres.

Parallèlement, tous les gouvernements ont cherché à diminuer les retraites des travailleurs, en multipliant les attaques contre celles-ci depuis 1993, afin d’amener les salariés à cotiser plus longtemps pour toucher une pension réduite.

D’un côté les gouvernements se sont attaqués à la santé et aux conditions de vie des travailleurs, de l’autre ils ont multiplié les exonérations de cotisations pour les patrons, faisant compenser – imparfaitement – le manque à gagner pour la Sécurité sociale par l’État, et donc principalement par les salariés et les retraités, via l’impôt. Si des millions de travailleurs se soignent moins bien, c’est donc pour aider le patronat à maintenir ses profits.

Et puis cette annonce de la ministre est aussi une manière de faire passer de nouveaux sacrifices. Cette fin du déficit est conditionnée à un nouveau tour de vis de quatre milliards d’économies en 2017. Ce montant est paraît-il sans précédent, et le gouvernement compte l’obtenir notamment par de nouvelles économies dans les hôpitaux, en multipliant les fermetures de lits, en diminuant le nombre et la durée des séjours des patients.

On n’a certainement pas fini d’entendre parler du trou de la Sécu. Comme ces chiffres sont de plus en plus conditionnés par ceux du chômage et que les entreprises continuent de licencier, il pourrait continuer à se creuser. Il est vrai qu’entre-temps les élections seront passées.

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