Procès Kerviel : la Société générale n’y perd rien28/09/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/09/2513.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Procès Kerviel : la Société générale n’y perd rien

La cour d’appel de Versailles a revu à la baisse, vendredi 23 septembre, les dommages et intérêts que Jérôme Kerviel devra verser à la Société générale : un million d’euros, au lieu des 4,9 milliards prévus par les jugements précédents.

Le tribunal reconnaît ainsi la responsabilité première de la banque dans la perte causée par Kerviel. C’était un trader, ce qui consiste, comme il l’explique lui-même, à faire de l’argent avec de l’argent, à spéculer. La Société générale l’a licencié en 2008, l’accusant d’être responsable d’une perte de près de cinq milliards d’euros dans une opération qui aurait été faite à l’insu de son responsable. En réalité, sa hiérarchie savait qu’il pratiquait des transactions dépassant largement les montants autorisés, et l’encourageait à le faire, tant que cela rapportait.

La diminution des dommages et intérêts peut paraître spectaculaire, mais ne change pas grand-chose, tant il était évident que Kerviel ne pourrait jamais rembourser une telle somme. La Société générale va pouvoir saisir les droits d’auteur de Kerviel sur son livre, ou sur le film qu’il a inspiré.

Lors de la révélation de l’affaire Kerviel début 2008, le ministre du Budget Éric Woerth avait accordé 2,2 milliards de baisse d’impôts à la banque pour « l’aider ». François Hollande s’était alors indigné : « Comment admettre que, lorsqu’une banque fait une erreur, ce soit le contribuable qui paie ? » Mais si aujourd’hui le ministre des Finances, Michel Sapin, évoque la possibilité de réclamer cet argent à la banque, rien n’est encore décidé fermement.

Lors du procès, d’anciens responsables de la banque avaient dit que la somme des pertes de 4,9 milliards d’euros aurait peut-être été gonflée par des produits financiers pourris, tels que les subprimes, afin de faire artificiellement porter le chapeau à Kerviel, car l’affaire avait éclaté juste avant la crise financière de 2008. « Si vous voulez vraiment savoir la vérité (…), faites faire une expertise, allez voir dans la comptabilité de la banque », avait déclaré un de ces témoins. Mais l’expertise n’a jamais été faite.

Comme toutes les banques, la Société générale continue à réaliser l’essentiel de ses profits grâce à des activités spéculatives qui, gagnantes ou perdantes pour elle, sont toujours nuisibles et parfois catastrophiques pour la société. L’affaire Kerviel n’a rien changé à cela. La Société générale emploie toujours plusieurs milliers de traders. Et le procès des bénéficiaires de la spéculation, les grands actionnaires, lui, n’a pas eu lieu.

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