Logement : tours de vis sur les APL28/09/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/09/2513.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Logement : tours de vis sur les APL

Dans le budget 2016 de l’État, il était prévu pas moins de trois nouvelles attaques contre les APL, les aides personnalisées au logement, en plus des mécanismes automatiques qui en rognent le montant. Les conséquences ont commencé à se faire sentir.

Un projet de réduction du montant des APL pour les jeunes en emploi précaire a été retiré devant la protestation des syndicats étudiants, juste avant le 1er janvier dernier, date à laquelle elle devait entrer en application.

En revanche une diminution et, dans certains cas, la suppression de l’APL sont effectives depuis juillet dernier pour les personnes et les ménages qui payent déjà un loyer particulièrement élevé. Sous prétexte que les aides au logement peuvent inciter des propriétaires-bailleurs à augmenter les loyers, le gouvernement n’a rien trouvé de mieux que de sanctionner… les locataires. Non seulement il avoue son impuissance à maîtriser la hausse des loyers, mais il condamne les locataires à une double peine : un loyer abusif et une sorte d’amende sur l’aide au logement. Selon les chiffres de la Caisse d’allocations familiales, 16 000 foyers ont ainsi été privés d’APL et 64 000 ont perdu en moyenne 70 euros par mois sur leur allocation. C’est une ponction supplémentaire par rapport à celles que connaissent les allocataires depuis des années, du fait que les APL ne suivent pas le rythme de l’augmentation des loyers et des charges. Ainsi, entre 2000 et 2010, les loyers plafonds pris en compte dans le calcul des aides au logement n’avaient été revalorisés que de 15 % alors que les loyers réels avaient en moyenne progressé de plus du double.

Une troisième attaque vise, selon les chiffres du gouvernement, presque un allocataire sur dix, soit près de 650 000 foyers dont les aides devraient baisser. Ceux qui possèdent une maison de campagne ou un livret A au-delà d’un montant global de 30 000 euros sont considérés comme riches et, dans le calcul servant à baisser leur APL, ils sont supposés avoir un revenu chiffré à 3 % de leur « capital ». Tant pis pour eux si le taux du livret A est tombé à 0,75 % ! Peu importe si leur « patrimoine » est une prime de départ en retraite, une petite réserve qui ne permettra pas d’aller très loin en cas de licenciement. Le gouvernement ne sait plus quoi inventer pour récupérer des fonds aux dépens des travailleurs et des petites gens. Cette mesure a été annoncée pour le 1er octobre et on verra si le gouvernement la met en application, malgré les protestations des associations de locataires, de consommateurs et de mal-logés.

Quasiment chaque année les APL sont présentées par le gouvernement « comme de faciles boucs émissaires de la hausse des loyers et des dépenses publiques », selon l’expression de la fondation Abbé-Pierre. En s’y attaquant, le gouvernement tape encore sur les plus pauvres : une personne seule ne touche plus l’APL si elle gagne plus de 1,1 smic par mois.

Partager