Enseignement

Éducation nationale : l’art du trompe-l’œil

La ministre de l’Éducation nationale est en campagne pour Hollande. Cela seul permet d’expliquer l’aplomb avec lequel elle a prétendu, devant les caméras de BFMTV, que « ce gouvernement aura durant ce quinquennat bel et bien créé les 60 000 postes qu’il s’est engagé à créer ».

l’art du trompe-l’œil

Les 12 842 postes précisément inscrits, à l’en croire, dans le projet de loi de finances 2017 permettraient, heureux hasard, d’atteindre ce nombre, en pleine année électorale.

Il faut déjà remarquer que, par rapport aux 80 000 emplois supprimés pendant le quinquennat de Sarkozy, les postes promis par Hollande ne font pas l’affaire, et de loin, compte tenu de l’augmentation du nombre d’élèves.

Quand Najat Vallaud-Belkacem annonce des postes, il ne faut surtout pas entendre des emplois, encore moins des embauches stables, ni des adultes formés pour encadrer les élèves de la maternelle aux classes terminales, en nombre suffisant. Car les postes créés ne sont pas tous pourvus, loin de là. Entre 2012 et 2015, 17 % ne l’ont pas été. D’où le recrutement de personnel contractuel, parfois peu formé et toujours mal payé.

À la rentrée scolaire 2016, le syndicat des enseignants du primaire SNUIpp remarquait que, sur les 19 000 postes, 13 000 étaient des stagiaires, présents à mi-temps seulement devant les enfants. Ils ne comptent donc que pour la moitié des postes annoncés, et jusqu’à quand ? Tous ne seront pas titularisés et donc embauchés. De plus, dans le même temps, la hausse des effectifs aura été de 66 400 jeunes élèves, une partie des postes créés étant ainsi absorbée. Il manque encore, selon le syndicat, 6 500 postes pour accueillir l’ensemble des enfants de moins de 3 ans. Quant à la promesse « plus de maîtres que de classes », qui devrait être une évidence pour s’occuper en petits groupes des enfants en difficulté, et même simplement pour suppléer à une absence d’enseignant, elle est loin de prendre corps.

Les remplacements de maîtres absents, la possibilité d’une vraie formation continue, l’indispensable baisse du nombre d’élèves par classe, toujours supérieur à la moyenne européenne : pour investir dans l’avenir des jeunes, le budget 2017 de l’Éducation nationale gagnerait beaucoup à se voir gonflé des milliards prévus… pour le CICE.

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