Autoentreprise : autoesclavage28/09/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/09/2513.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Autoentreprise : autoesclavage

Face à l’augmentation du chômage, les candidats à la présidentielle prétendent avoir la solution miracle. Après d’autres, Fillon, candidat à la primaire de la droite, a fait l’éloge du statut de travailleur indépendant, comme celui des autoentrepreneurs, pour « développer l’emploi et amorcer une nouvelle relation au travail ».

Les derniers conflits entre les cyclistes livreurs de repas ou les chauffeurs de VTC et les plates-formes qui leur fournissent du travail ont déjà révélé à quel point cette nouvelle « relation au travail » est loin d’être l’eldorado promis. Une enquête d’Alternatives économiques vient le confirmer.

Uber fait miroiter aux chauffeurs un chiffre d’affaires mensuel de 4 500 euros. Non seulement il faut faire de 60 à 70 heures de travail hebdomadaire, mais surtout cela n’a rien à voir avec le revenu net du conducteur. Il doit d’abord 20 % de commission à Uber, puis il lui faut décompter la location ou l’amortissement du véhicule, son entretien, le prix du carburant, l’assurance, et finalement payer ses cotisations sociales. Selon que le chauffeur est locataire ou propriétaire de sa voiture, son revenu net oscille alors entre 750 et 900 euros par mois, moins que le smic.

À cela peuvent s’ajouter diverses décisions arbitraires comme la baisse du tarif minimum de la course passé de huit à cinq euros chez Uber ou l’obligation de disposer d’un modèle de voiture bien spécifique dont la plate-forme détient l’exclusivité auprès du constructeur : c’est ainsi qu’un chauffeur lié à la plate-forme Le Cab a été obligé de lui louer un véhicule pour pouvoir travailler. Quant aux courses, il vaut mieux éviter de les refuser, si on ne veut pas se voir déconnecté temporairement ou définitivement.

La liberté d’entreprendre, c’est celle des plates-formes. Pour tous ceux qui dépendent d’elles, le plus souvent faute d’autre solution, c’est un nouvel esclavage. C’est l’idéal du patronat, dont les gouvernements de gauche comme de droite s’appliquent à satisfaire les désirs par leurs réformes du travail.

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