Air France : la chemise des DRH ou la peau des travailleurs28/09/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/09/p12_Manif_Air_France_C_LO.JPG.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France : la chemise des DRH ou la peau des travailleurs

Le procès de seize travailleurs d’Air France s’est tenu à Bobigny (Seine-Saint-Denis) les 27 et 28 septembre. Soit un an après les événements ayant abouti au licenciement de cinq travailleurs et à des mises à pied sans salaire pour onze de leurs camarades.

Illustration - la chemise des DRH ou la peau  des travailleurs

Lors du comité central d’entreprise du 5 octobre 2015, la direction d’Air France avait annoncé un plan de 2 900 suppressions d’emplois. En quelques années elle avait déjà fait passer à la trappe 10 000 emplois. Cette fois, elle prévoyait même des licenciements secs.

Refusant de se laisser jeter à la rue, 3 500 salariés de la compagnie s’étaient rassemblés aux abords des locaux de la direction, à l’aéroport de Roissy. Pour éviter leur colère, le PDG De Juniac s’était éclipsé, en laissant sur place deux DRH. Dans la bousculade, ces hauts cadres ont perdu leur chemise face à des travailleurs qui, eux, défendaient leur peau.

Venu sur place, ­Valls traita ces salariés de voyous, donnant le ton au chœur antiouvrier unissant le gouvernement à Sarkozy, à Le Pen, au Medef et à la quasi-totalité des médias.

Appuyé par tout ce monde-là, Air France fit interpeller chez eux des ouvriers du fret et de la maintenance, que la police plaça en garde à vue comme des malfaiteurs. Les accusant de faute lourde, la direction se fit justice avant même d’avoir saisi la justice officielle : elle mit à pied onze salariés et en licencia cinq autres.

Ceux-ci se retrouvaient sans travail pour n’avoir pas accepté qu’on les en prive. Soutenu par l’ensemble du patronat et de la classe politique, le patron licencieur voulait faire un exemple. Il lui fallait des coupables à condamner, qu’ils aient commis ou non les faits reprochés, et alors qu’il n’avait pas de preuve pour soutenir ses allégations, comme les débats l’ont montré au tribunal. Les DRH ont déclaré à la barre ne pas avoir reconnu leurs agresseurs. Quant aux vidéos de la direction, aucune n’identifie de coupable, ce qu’a souligné un enquêteur cité par le président du tribunal en disant : « L’identification est extrêmement complexe » et « il y aura des problèmes d’interprétation. »

La majorité des travailleurs du pays, eux, n’ont pas eu de problème d’interprétation : face au bloc propatronal étalant sa haine de classe pour des salariés qui se défendent, ils se sont reconnus dans ces employés d’Air France.

Le 28 septembre, le procureur a requis de deux à trois mois de prison avec sursis contre cinq des prévenus. Pour les travailleurs, la seule justice c’est, comme l’a dit notre camarade Nathalie Arthaud lors du rassemblement de soutien devant le tribunal de Bobigny : tous les licenciés et sanctionnés d’Air France doivent être relaxés !

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