Patriotisme économique : intérêt national, intérêt du capital21/09/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/09/p5_Box_4_Protectionnism.jpg.420x236_q85_box-0%2C158%2C506%2C442_crop_detail.jpg

Leur société

Patriotisme économique : intérêt national, intérêt du capital

La menace de fermeture de l’usine Alstom de Belfort a suscité un tir nourri des tenants du patriotisme économique. Selon ces derniers, il conviendrait de défendre les locomotives françaises, produites en France. Tous n’ajoutent pas « par des ouvriers français », mais le cœur y est…

Illustration - intérêt national, intérêt du capital

Tous ces bons apôtres prétendent naturellement défendre à la fois les emplois des travailleurs et les profits des patrons. Cela seul devrait suffire à susciter la méfiance puisque, depuis longtemps, les capitalistes ont pris l’habitude d’augmenter leurs profits en réduisant les emplois.

Mais la question se complique encore lorsqu’il s’agit de savoir ce qu’est une production française. Un wagon fabriqué pour la société canadienne Bombardier près de Valenciennes est-il plus ou moins français qu’un autre fabriqué pour la société française Alstom à Annaba, en Algérie ? Sur les très nombreuses pièces qui composent une motrice, combien sont fabriquées dans le pays où elles sont montées, combien sont fabriquées par des sous-traitants opérant à l’autre bout du monde ? Et d’où viennent l’acier, le cuivre, les métaux rares, le verre, le plastique qui entrent dans la fabrication ? La production est organisée à l’échelle mondiale. L’objet de consommation le plus élémentaire, de la chemisette au cornet de crème glacée, est produit par la collaboration de travailleurs du monde entier. C’est encore plus vrai pour les pièces plus complexes.

Pourtant il y a bien dans tout ce processus un aspect national : chaque groupe multinational est attaché historiquement à un État. Et, en effet, Alstom est attaché à l’État français, son défenseur, sa vache à lait, le garant de ses profits et son actionnaire à hauteur de 20 %. La composante nationale, la seule, c’est le fait que les différents États défendent chacun le profit privé de leurs capitalistes.

Les patriotes, économistes ou pas, défendent les profits des capitalistes français. Et ils veulent convaincre les travailleurs que défendre les profits de leurs patrons, parce qu’ils seraient français, serait la voie du salut, le chemin pour maintenir leurs emplois et leurs conditions de vie. Le patriotisme économique consiste au fond à dire qu’ouvriers et patrons sont dans la même galère, ont les mêmes intérêts.

C’est un mensonge grossier et c’est aussi un poison mortel. Car c’est dresser les travailleurs les uns contre les autres, pays par pays, voire usine par usine… pour le plus grand bénéfice de leurs exploiteurs respectifs.

Il faut combattre l’idée même de patriotisme économique, l’idée qu’il pourrait y avoir un intérêt commun entre patrons et ouvriers. Il faut au contraire affirmer les intérêts communs de tous les travailleurs contre leurs ennemis communs, les capitalistes, quelle que soit leur nationalité.

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