Dans le monde

Les droits des femmes en ligne de mire

Le rapport d’une ONG sur les femmes au Daghestan, une république du Caucase russe, jette un éclairage sinistre sur la situation faite aux femmes en ex-URSS.

Ce rapport, confirmé par les enquêtes de journalistes russes, révèle que, dans cette république, l’excision des fillettes est redevenue un phénomène de masse. Les faits rapportés montrent que, à la campagne et dans les montagnes, elles sont excisées dès l’âge de trois ans, avec l’aval des autorités religieuses. Quant aux autorités civiles, elles ferment les yeux.

Même si tel ou tel responsable local refuse que l’on mutile sexuellement les femmes de sa famille, les hommes au pouvoir s’accommodent fort bien que la population, et d’abord sa moitié féminine, se voie imposer toutes sortes de carcans. Cela depuis la religion, prétexte à imposer la charia comme en Tchétchénie, autre république russe du Caucase, jusqu’aux coutumes médiévales les plus infâmes, du port du voile aux mariages imposés, à la polygamie redevenue légale dans certaines régions et aux sévices les plus barbares, telle l’excision.

C’est une régression terrible quand on sait qu’un des apports majeurs de la Révolution russe dans ces régions avait été d’aider par tous les moyens, avec le soutien de l’État, les femmes et les filles à se libérer de siècles d’une oppression multiforme.

Dès la publication de ce rapport, le mufti qui préside le Centre de coordination des musulmans du Caucase du Nord s’est permis de déclarer : « Il faudrait exciser toutes les femmes, il n’y aurait plus de débauche sur terre et il y aurait moins de sexe. » Qu’avec de telles autorités « morales », pareille barbarie se répande ailleurs n’est pas étonnant. Mais ses propos ayant fait scandale, en tout cas dans l’opinion car au sommet de l’État russe nul ne les a relevés, le conseil des muftis de Russie s’est défaussé avec hypocrisie, invoquant « une tradition, certes, mais qui n’a rien de musulman ».

Quant à l’Église orthodoxe, qui bénit chaque fait et méfait de Poutine et de son régime et veut faire interdire l’avortement, elle n’allait pas laisser passer cette occasion de montrer qu’en matière de barbarie et d’obscurantisme, personne ne saurait lui en remontrer. Ainsi, un porte-parole du patriarcat, qui avait déjà applaudi au code vestimentaire islamique imposé aux femmes de Tchétchénie, disant qu’il en faudrait un pour les femmes russes, a déclaré que ces dernières étant moins volages que les autres, elles « n’avaient pas besoin d’être excisées » !

Dans la sainte Russie, les religieux de tous bords se serrent les coudes pour faire barrage aux droits les plus élémentaires des femmes et leur imposer une régression sur tous les plans. Ce dont femmes et hommes auraient bien besoin, c’est d’un grand coup de balai pour en finir avec cette engeance réactionnaire.

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