Dans le monde

Grèce : une catastrophe prévisible

Lundi 19 septembre un incendie a dévasté le camp de réfugiés de Moria sur l’île grecque de Lesbos, détruisant 60 logements, 100 tentes et des conteneurs. Près de 4 000 personnes ont fui en abandonnant le peu qu’elles possédaient et seulement quelques centaines étaient revenues le mardi matin pour se ravitailler.

Depuis le 20 mars, date de la mise en application de l’accord entre l’Union européenne et la Turquie, les migrants ne peuvent plus passer en Grèce continentale. Ceux qui ont réussi à parvenir jusqu’aux îles grecques doivent y être détenus en attendant qu’on statue sur leur sort : soit ils obtiennent le droit d’asile soit ils sont renvoyés en Turquie. Mais les formalités sont interminables, l’administration est incapable de répondre aux demandes et les migrants continuent à arriver, même si c’est à un rythme moins soutenu.

Les conditions d’hébergement sont lamentables, la surpopulation déclenche des incidents à répétition, voire des émeutes. Déjà, en juin 2016, le Gisti, organisation d’aide aux immigrés, a déposé plainte auprès de la Cour européenne des droits de l’homme, dénonçant les conditions de rétention à Chios, une autre île de la mer Égée : l’enfermement dans des barbelés sous la surveillance des militaires, le manque d’hygiène, l’insuffisance d’équipements sanitaires et de nourriture, y compris pour les jeunes enfants.

À Lesbos, dès avril, des émeutes ont éclaté à Moria contre le renvoi en Turquie d’une douzaine de réfugiés syriens. Car à toutes les conditions insupportables de détention s’ajoute l’angoisse d’être refoulé après avoir survécu au cauchemar de la traversée, même si pour le moment le dépôt de demande d’asile gèle toute expulsion. Aujourd’hui, Moria héberge plus de 5 600 personnes pour 3 500 places.

Le gouvernement grec est dépassé par l’arrivée et l’installation forcée de 60 000 réfugiés dans son pays à l’économie totalement ruinée. Le Premier ministre Tsipras appelle l’Europe à respecter ses engagements envers la Grèce et à faire preuve de plus de solidarité. Mais les gouvernements européens ne sont pas plus ouverts à ses exhortations dans ce domaine que dans le domaine économique. Presque tous n’ont qu’un objectif : confiner les réfugiés dans les pays pauvres. L’ONU leur fait écho qui, lors de son récent sommet migratoire, ne s’est même plus donné la peine de chiffrer le pourcentage de réfugiés que les puissances mondiales devraient accueillir.

Les pays riches se hérissent de barbelés. Ils envoient croupir dans des camps des populations qui fuient les conséquences de leur politique guerrière. Cela ne peut qu’entraîner de nouveaux drames.

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