Grande-Bretagne : la fausse alternative du Brexit22/06/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/06/2499.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne : la fausse alternative du Brexit

À la veille du référendum du 23 juin sur la sortie ou non de la Grande-Bretagne de l’Union européenne (le Brexit), et après l’assassinat de la députée travailliste Jo Cox, nous publions la prise de position de nos camarades du groupe trotskyste britannique Worker’s Fight (Grande-Bretagne-UCI).

Quel que soit l’état de santé mentale de son meurtrier, l’assassinat de la députée travailliste du West Yorkshire, Jo Cox, reflète le climat empoisonné créé par des années de surenchère xénophobe des gouvernements et politiciens qui ont transformé les travailleurs immigrés en boucs émissaires.

Avec la campagne pour l’actuel référendum, le climat est devenu tellement chargé de peur et de haine que le meurtrier, que ses voisins considéraient comme « normal et serviable », a cru légitime d’agir au nom de ses idées d’extrême droite. Il a pris deux pistolets, un couteau et a tué Jo Cox en criant « La Grande-Bretagne d’abord ». Pourquoi ? Probablement parce qu’elle était connue pour soutenir les enfants migrants que Cameron, le premier ministre, ne voulait pas accueillir dans le pays !

Depuis on assiste à un répugnant festival d’hypocrisie au-dessus du cadavre de Jo Cox : les mêmes politiciens, qui ont attisé les flammes menant à son meurtre, ont pleuré à chaudes larmes sur son sort et ont loué sa générosité.

Campagnes xénophobes

Le rôle joué par Nigel Farage et son parti antieuropéen Ukip dans la création de cette atmosphère empoisonnée est évident. En témoigne leur dernière affiche de campagne montrant une file ininterrompue de réfugiés qui semblent prêts à « envahir » la Grande-Bretagne sous le slogan « Le point de rupture ». Peu importe que la photo ait été prise à des milliers de kilomètres, sur la frontière entre la Croatie et la Slovénie. C’est juste un mensonge alarmiste de plus de l’Ukip à propos des réfugiés, après tant d’autres sur ce sujet, comme sur d’autres, depuis le début de cette campagne.

Mais même si certains ténors eurosceptiques de la droite conservatrice, comme le ministre de la Justice Michael Gove, ou l’ancien maire de Londres Boris Johnson, tâchent à présent de prendre leurs distances avec Farage, de peur qu’il ne porte préjudice à la campagne de ceux qui veulent quitter l’Union européenne, ils ont aussi leur part de responsabilité dans le climat qui a coûté la vie à Jo Cox. Depuis le début de la campagne, ces responsables officiels du camp du Brexit ont utilisé de façon croissante les préjugés anti-immigrés, avec des méthodes proches de celles de l’Ukip.

Comment aurait-il pu en être autrement ? Ce référendum a été organisé par Cameron pour contenir l’inquiétude causée par l’Ukip au sein de son propre Parti conservateur, en particulier celle des politiciens les plus droitiers craignant de perdre leurs postes confortables. Mais, bien loin de contenir la démagogie crasse anti-immigrés de l’Ukip, Cameron y a contribué, comme il l’a fait depuis des années.

Bien avant la montée électorale de l’Ukip, Cameron brodait sur le mythe du « tourisme social » que pratiqueraient les travailleurs venant des pays de l’Union européenne, avec le soutien hystérique des journaux tabloïds conservateurs. Il y avait une logique politique à cela, qui n’avait rien à voir avec les faits.

Avant cela, Cameron avait accusé les chômeurs et les pauvres d’être un poids pour les services publics, alors que le réel fardeau était les coupes budgétaires dont ils faisaient les frais. Puis il a désigné les travailleurs européens comme d’autres boucs émissaires qu’on pouvait rendre responsables de la défaillance du système de santé et des nouvelles coupes dans les budgets sociaux.

Et durant cette campagne, on a vu à nouveau Cameron rappeler à tout le monde qu’il demeurait eurosceptique, expliquant que la meilleure façon de sévir contre l’immigration était de rester dans l’Union européenne, ce qui lui donnerait plus de moyens pour la contrôler grâce aux « concessions » obtenues de celle-ci l’an dernier.

Les deux bouts d’un même bâton

Ainsi, les deux camps représentent les mêmes politiques qui, dans le passé, ont consisté à serrer la vis aux travailleurs pour leur faire payer la crise provoquée par les patrons. Et les deux représentent, d’une façon ou d’une autre, la même politique future consistant à jouer une partie de la classe ouvrière contre une autre – les « britanniques » contre les « immigrés » – de façon à l’empêcher de riposter.

Leur référendum est un cas classique de « pile je gagne, face tu perds ». Le magnat des médias Rupert Murdoch qui sait parfaitement utiliser les institutions politiques de la bourgeoisie à son profit, illustre cela à merveille. D’un côté l’édition anglaise de son quotidien à grand tirage Sun arborait une ligne pro-Brexit éclatante. Mais en Écosse et en Irlande du Nord, le Sun a changé sa une, car il ne fait aucun doute qu’elle n’y aurait pas été très populaire. Pendant ce temps-là, un autre journal de Murdhoch, le très classique et très sérieux Times, se joignait au camp anti-Brexit. Les Murdoch de ce monde sont toujours les gagnants de ces jeux politiques.

Les travailleurs doivent se tenir à distance de ce faux choix entre deux façons différentes d’être pendus. La seule façon d’aller de l’avant est de se préparer à combattre leur ennemi intérieur, les patrons, leurs gouvernements et leur système, en s’unissant, quelle que soit leur nationalité, par-dessus toutes les divisions que les capitalistes voudraient créer dans leurs rangs !

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