Scandale Volkswagen : les autorités américaines ne feront pas de cadeau06/01/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/01/2475.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Scandale Volkswagen : les autorités américaines ne feront pas de cadeau

L’affaire du logiciel destiné à truquer les tests antipollution sur les véhicules diesel du groupe Volkswagen a pris un nouveau tournant lundi 4 janvier. Le département d’État des États-Unis et l’agence américaine de l’environnement ont ouvert une procédure civile pour manipulation et fraude à la législation sur la pollution.

Tout en épargnant pénalement les dirigeants de la marque allemande, cette procédure pourrait coûter cher à Volkswagen. Le groupe pourrait se voir infliger jusqu’à 20 milliards de dollars d’amendes, sans compter les dommages et intérêts dus aux clients. Et cela viendrait s’ajouter à la perte de 40 % de sa valeur boursière entre septembre où le scandale a éclaté et décembre 2015, au rappel des 11 millions de véhicules que les dirigeants de la marque ont avoué avoir équipés du logiciel truqueur dans le monde, et au ralentissement des ventes. Les 6,5 milliards d’euros mis de côté par la marque au dernier trimestre 2015 seront loin de couvrir les frais.

Après avoir sacrifié son ancien PDG qui a continué de toucher son salaire de plus de 10 millions d’euros en 2015, après avoir réduit ses plans d’investissements, les dirigeants du groupe se préparent donc à faire payer leurs salariés en Allemagne, à commencer par la suppression des primes de fin d’année qui se montaient en moyenne pour chacun d’eux à 8 500 euros en 2014.

Cette procédure des autorités américaines est bien sûr d’autant plus radicale qu’il s’agit d’un constructeur européen et qu’elle est évidemment bien vue de tous ses concurrents américains. Mais elle répond à la complicité de la Commission européenne vis-à-vis des truquages de Volkswagen. En effet, celle-ci a dû reconnaître qu’elle était au courant depuis 2013 de la manipulation opérée par Volkswagen sur les tests d’émission de gaz polluants. Proférées devant la Commission européenne, les accusations du commissaire chargé de l’environnement avaient pourtant été claires et se basaient sur une étude réalisée en 2011 par un groupe de chercheurs italiens… étude en tous points semblable à celle qui a fait éclater le scandale aux États-Unis en septembre 2015.

Même si la Commission européenne se défend en affirmant avoir lancé l’alarme dans des rapports, cette institution supranationale, en relation avec tous les gouvernements des États membres de l’Union européenne, a donc été bien moins efficace pour faire connaître la vérité que la petite ONG américaine qui a découvert le pot aux roses.

Si la Commission européenne a finalement décidé d’imposer aux industriels de l’automobile de faire leurs tests d’homologation en conditions réelles de conduite à partir de 2017, elle a rendu en même temps moins contraignants les seuils d’émission de gaz polluants, en redonnant d’une main aux constructeurs ce qu’elle va leur retirer de l’autre !

Les 240 lobbyistes de l’industrie automobile qui côtoient les commissaires européens à Bruxelles, dont 43 travaillent directement pour Volkswagen, sont décidément fort efficaces pour imposer les exigences des patrons du secteur automobile.

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