Pétrole en mer du Nord : les eaux sales du profit06/01/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/01/2475.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pétrole en mer du Nord : les eaux sales du profit

Depuis la découverte de pétrole en mer du Nord et la mise au point des techniques permettant son exploitation, dans les années 1960, les plateformes offshore se sont multipliées dans ces eaux. Il y en a aujourd’hui des centaines, pour des milliers de puits, reliées par des kilomètres de tuyaux, desservies par des centaines de bateaux de toutes sortes.

Dans la course à l’or noir, les capitalistes ne se sont embarrassés ni des questions de conditions de travail ni de celles de la pollution et, encore moins si c’est possible, de ce que deviendraient leurs installations une fois le pétrole tari.

Jusque-là, les pétroliers se contentaient de couler les vieilles plateformes, ce qu’ils continuent à faire allégrement dans le golfe du Mexique ou en Europe, pour les parties réputées intransportables, indémontables ou non polluées. Jamais à court d’arguments, les avocats des pétroliers affirment que les structures métalliques coulées deviendront de parfaits abris à poissons dans lesquels les espèces sauvages se multiplieront avec délices. Et d’invoquer l’exemple des vieux cuirassés que l’US Navy envoie par le fond au large des côtes américaines avec les mêmes discours.

Mais, la baisse du cours du pétrole, conjuguée à l’obsolescence de nombre de plateformes de mer du Nord et à l’épuisement de certains champs, impose la mise hors service de centaines d’installations offshore, de milliers à l’échelle de la planète. Les pétroliers se contenteraient bien de les laisser à l’abandon, consentant tout juste à payer les balises de signalisation pour le trafic maritime. D’autres sociétés proposent de démonter, d’amener à terre et de traiter ce qui peut l’être. Les chantiers qui ont déjà été menés montrent que c’est possible, au moins en partie car les socles de béton sont intransportables et indémontables. Mais c’est à la fois très long, très compliqué, très dangereux et très cher. Alors, qui va payer ?

Pour les plateformes de la première génération, la réponse a été donnée lors de leur démontage, il y a vingt ans : les États en ont assumé la quasi-totalité des frais. Pour les suivantes, des règlements ont imposé que les pétroliers provisionnent les sommes nécessaires au démontage. Mais, au moment de payer, on peut s’attendre à des contestations.

On sait que les grandes compagnies ont pour habitude de brader leurs installations obsolètes, raffineries vétustes, usines pourries, mines branlantes et autres, à des margoulins qui se chargent des licenciements et disparaissent en laissant la dépollution au bon vouloir des caisses publiques. Il y a donc toutes les chances que les plateformes offshore de la mer du Nord, qui ont licencié par milliers depuis deux ans, connaissent le sort des terrils et des galeries de mine non rebouchées : rester là où elles sont et y pourrir en témoignage des vertus de la libre entreprise.

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