Valls flatte la police : en avant pour les lois répressives29/12/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/12/2474.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Valls flatte la police : en avant pour les lois répressives

Outre le projet de révision constitutionnelle portant sur l’état d’urgence et la déchéance de nationalité pour les binationaux coupables de terrorisme, le Conseil des ministres du 23 décembre a présenté un projet de loi « renforçant la lutte contre le crime organisé et son financement, l’efficacité et les garanties de la procédure pénale ».

Il s’agit de renforcer une fois de plus les pouvoirs de la police au motif de lutter contre le terrorisme. Depuis 1986, et après chaque attentat, de telles lois ont été promulguées à vingt reprises, avec l’efficacité que l’on sait, le pire attentat étant hélas le dernier en date. Aujourd’hui, Valls propose d’autoriser les perquisitions de nuit, d’élargir les possibilités d’espionnage électronique à la seule discrétion de la police, d’étendre les contrôles d’identité, les fouilles, la rétention, le contrôle administratif de personnes désignées par la police, où et quand elle le veut. Les conditions d’usage des armes par les policiers et les gendarmes seraient « adaptées », dans le sens demandé par les plus réactionnaires des syndicats de policiers, n’en doutons pas. La procédure pénale serait « simplifiée », pour laisser les mains un peu plus libres encore à la répression.

Ces mesures ajouteraient encore quelques armes à l’arsenal antiterroriste dont dispose déjà la police depuis des années. On ne peut que douter de leur efficacité pour arrêter des terroristes prêts à se faire sauter avec leur bombe. Mais elles ont d’abord un but politique, de la part d’un gouvernement gagné par la panique à l’idée de prendre du retard dans le concert des déclarations réactionnaires et des surenchères sécuritaires. Il s’agit pour Hollande et Valls de montrer que le gouvernement agit et qu’il a de la poigne. Épousant les slogans de la droite et de l’extrême droite, Hollande et Valls flattent la police et affaiblissent le pouvoir de contrôle des juges. Et, comme la droite et l’extrême droite, ils affirment que ces nouveaux moyens répressifs ne toucheront que les malfaiteurs et les terroristes, tandis que les gens n’ayant rien à se reprocher n’auront rien à craindre.

Nous sommes en guerre, dit Valls pour se justifier. Mais les travailleurs, les classes populaires n’ont pas demandé au gouvernement d’aller faire la guerre au Moyen-Orient. C’est pourtant eux qui la payent, d’abord par la priorité donnée aux dépenses militaires, ensuite par cette série de mesures qui vont faire du pays une caserne. Enfin, les travailleurs la payeront demain, quand ces mêmes mesures serviront à réprimer des manifestations ou des grèves… au nom de l’unité dans une « guerre contre le terrorisme » qui ne fait qu’alimenter celui-ci.

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