Père Noël européen29/12/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/12/photo_du_bas_p_10_air_france.jpg.420x236_q85_box-0%2C0%2C640%2C360_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Père Noël européen

Le tribunal de l’Union européenne, deuxième plus haute cour de justice en Europe, vient de sortir sa gomme à effacer les grosses ardoises. Il a annulé 800 millions d’amendes infligées, il y a cinq ans, à une dizaine de compagnies aériennes pour s’être entendues, à la hausse évidement, sur les tarifs du transport aérien de marchandises. Des compagnies nord-américaines étaient aussi dans le coup mais, ayant été condamnées pour ces faits aux États-Unis et au Canada, elles avaient échappé aux sanctions en Europe.

Illustration - Père Noël européen

De fin 1999 à début 2006, quand leur entente secrète fut révélée, les membres de ce cartel du fret avaient imposé des surcharges carburant et sécurité aux clients de leurs divisions cargo. Il y en avait pour des milliards. Mais, comme parmi les clients lésés il y avait de très grosses sociétés et des multinationales qui avaient porté plainte, les autorités s’étaient senties obligées de sévir.

En 2010, la Commission européenne avait donc mis à l’amende une brochette de compagnies de tout premier rang : le groupe Air France-KLM, British Airways, Air Canada, le hongkongais Cathay Pacific, l’australien Qantas, Japan Airlines, LAN Chile, le scandinave SAS, Singapore Airlines, le luxembourgeois Cargolux, leader européen du secteur. Partie prenante du cartel, Lufthansa ne figurait pas dans ce panier de magouilleurs pris la main dans le sac, car sa direction avait préféré dénoncer la combine pour éviter une sanction.

D’appels en recours, les compagnies condamnées n’avaient toujours rien payé. Et finalement un tribunal a réussi à trouver un vice de forme rendant caduque la décision de la Commission. Du coup, envolées les amendes ! Le groupe Air France-KLM récupère de la sorte l’équivalent de son bénéfice d’exploitation annuel. Même chose pour ses comparses.

Mais, à ce propos, quelqu’un a-t-il entendu dire qu’il n’y aurait de la chance que pour la canaille ? Des travailleurs d’Air France qui défendent leurs emplois, politiciens et médias peuvent les traiter de voyous. Mais pas des directions de compagnies qui licencient, même quand elles s’entendent pour surfacturer des clients du même monde des affaires qu’elles.

Pas question, non plus, de s’étendre sur un à-côté très profitable de l’affaire. Car la direction d’Air France avait provisionné ces amendes substantielles mais jamais payées. Et cela lui avait permis de présenter des comptes en berne, pour justifier les nouveaux sacrifices qu’elle exigeait de ses salariés !

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