Leur société

Déchéance de la nationalité : Hollande fait les poubelles du FN

Hollande et Valls ont donc décidé d’inscrire dans la Constitution la peine de déchéance de la nationalité pour les binationaux nés en France et condamnés pour terrorisme. Actuellement, cette déchéance n’est applicable qu’à des binationaux français par naturalisation, mais pas à ceux qui sont nés français.

Hollande fait les poubelles du FN

Cette mesure n’arrêtera pas des terroristes décidés à se faire exploser au milieu d’une foule. Quant à leurs complices, s’ils appartiennent à des filières bien organisées, ce n’est pas en leur retirant leur passeport français et en les expulsant – en admettant que leur État d’origine les accepte – qu’on les empêchera de revenir en France. D’ailleurs, la plupart des auteurs des attentats de novembre n’avaient que les nationalités française ou belge et n’auraient pas été concernés par une mesure de ce type.

Valls l’a lui-même reconnu, cette mesure ne vise pas l’efficacité mais le symbole. C’est un signal adressé directement à l’électorat de droite et d’extrême droite, pour lui montrer que le gouvernement n’aura aucune réticence à reprendre à son compte le répertoire xénophobe de Le Pen ou de Sarkozy. La proposition d’étendre les conditions de déchéance de la nationalité, reprise directement du programme de l’extrême droite, renvoie en effet démonstrativement aux mesures prises il y a 75 ans sous le régime de Pétain.

Sarkozy avait utilisé largement ce registre en 2010, en tentant de l’étendre aux binationaux agresseurs de policiers notamment, mais les divisions de sa majorité l’en avaient empêché. Valls avait déclaré, à l’époque : « On rentre dans un débat nauséabond, absurde, un jeu politique où on essaie de faire croire qu’immigration et insécurité, c’est lié. » Aujourd’hui, en assimilant terroristes et étrangers, son gouvernement accrédite les thèses racistes de l’extrême droite.

Cela constitue, dès aujourd’hui, une menace contre les étrangers naturalisés et leurs enfants nés en France. Cela cultive le poison de la division et de la méfiance entre travailleurs en fonction de leur origine. L’inscription de telles mesures dans la Constitution pourra éventuellement être utilisée par un futur gouvernement contre des opposants, y compris des militants, la définition du terrorisme pouvant varier suivant la période et les luttes sociales.

Par ce choix politique cynique, Hollande espère se poser en chef de file d’un large bloc appuyé sur la droite, quitte à y perdre quelques soutiens à gauche. Il sait fort bien que ce calcul purement politicien va renforcer dans l’opinion, une fois de plus, la xénophobie et l’extrême droite. Mais cela lui importe moins que de tenter de conserver son fauteuil à l’Élysée en 2017.

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