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Cuba : les États-Unis exigent l’indemnisation des biens confisqués après la révolution

Depuis la reprise des relations entre les États-Unis et Cuba, les ambassades ont rouvert leurs portes et les négociations vont bon train, avec les questions d’argent en tête de l’ordre du jour.

Le 12 décembre, un accord a été conclu avec les créanciers de l’État cubain, dont la France, concernant sa dette financière. Depuis la fin des années quatre-vingt et la disparition de l’aide soviétique, l’État cubain ne payait plus les intérêts de la dette. Dans l’accord conclu, ceux-ci ont été effacés, tandis que le règlement des quelque 2,6 milliards de dollars du principal de la dette a été rééchelonné.

Une autre négociation a commencé, concernant l’indemnisation des biens nord-américains confisqués par l’État cubain, lorsque les États-Unis avaient rompu toutes relations avec la révolution cubaine. Cela concerne près de 6 000 biens, allant des simples maisons d’habitation aux entreprises, en passant par plusieurs grands hôtels, dont certains appartenaient au groupe Hilton mais aussi à la mafia américaine, pour qui le Cuba d’avant la révolution de 1959 était une annexe de Las Vegas.

Les sommes réclamées sont le plus souvent inférieures à un million de dollars, mais quelques-unes sont beaucoup plus importantes : 267 millions pour la compagnie cubaine d’électricité. Parmi les demandeurs, on trouve les groupes Texaco ou Colgate, mais aussi l’Église catholique.

L’ensemble représentait, lors de la confiscation, près de deux milliards de dollars. Avec l’actualisation et les intérêts, ce sont huit milliards de dollars qu’exigent aujourd’hui les États-Unis. Les négociateurs cubains leur opposent l’exigence de 120 milliards de dollars de dédommagements, en compensation de l’embargo qui a frappé Cuba pendant plus d’un demi-siècle

Obama a vendu aux multinationales américaines la reconnaissance de Cuba comme la promesse d’un marché à conquérir, qui devrait leur permettre d’engranger des dizaines de milliards de dollars, et la négociation finira peut-être par déboucher sur un compromis. Reste à savoir à quel prix ce sera pour Cuba, dont la population a déjà payé très cher les conséquences de l’embargo américain.

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