Dans les entreprises

Continental, Clairoix : 500 travailleurs contre un trust milliardaire

À l'appel du comité de lutte, 500 ex-salariés de Continental Clairoix dans l'Oise se sont rassemblés, vendredi 5 décembre en début de soirée, devant les portes de l'usine. C'était la réaction à l'attitude provocatrice de la direction internationale de Continental AG connue quelques jours auparavant.

En effet, après s'être enfin décidée à payer les 29 millions d'euros auxquels la cour d'appel d'Amiens l'avait condamnée pour sanctionner la fermeture de l'usine et les 1 113 licenciements annoncés il y a bientôt six ans, la direction du groupe faisait savoir sa décision de se porter en cassation, avant même que les chèques arrivent chez les premiers 683 salariés ayant poursuivi la direction, sans parler des plus de 150 autres qui s'y sont joints par la suite. Elle fait ainsi planer une menace pour l'avenir sur tous ces salariés. Et, après avoir déclaré dans un communiqué être consciente du trouble que sa décision allait provoquer et affirmé « vouloir tourner la page du conflit » et ne faire cette nouvelle procédure que pour « le principe », trois jours plus tard la direction affirmait sa volonté de vengeance.

Lundi 1er décembre, le DRH de la division pneumatique du groupe changeait en effet de ton et déclarait vouloir « aller jusqu'au bout sans compromis ». Quant au DRH de l'usine de Sarreguemines, il en rajoutait dans la provocation en annonçant l'intention de la direction de récupérer « jusqu'au dernier centime »... bien sûr si elle le pouvait.

Réuni en urgence, le comité de lutte appelait à cette assemblée pour la fin de semaine par voie d'Internet. Il adressait aussi une lettre au président du directoire de Continental, à Hanovre, pour le mettre en demeure soit d'arrêter cette procédure, soit de garantir par écrit qu'en aucun cas, quoi qu'il arrive dans les années à venir à propos de cette procédure, le groupe multimilliardaire ne chercherait à reprendre l'argent versé, qu'il a d'ailleurs déjà récupéré au centuple.

En effet Continental AG a déjà provisionné ces 29 millions dans ses comptes et les a déduits une fois de ses impôts. Mais, en plus, la direction a retenu 1 200 euros à chaque salarié de Continental Sarreguemines l'an passé, pour financer à nouveau sa condamnation à venir. La direction compte d'ailleurs renouveler l'opération cette année encore. Au final, cette condamnation ne lui aura rien coûté. De plus, grâce aux licenciements, ceux de Rambouillet, d'Asnières et de Stöcken en Allemagne en 2009, le groupe a pu multiplier en cinq ans le prix de l'action par vingt, et a engrangé des milliards de profits.

Aujourd'hui, Continental voit ses records de profits battus chaque année, ce qui ne l'empêche pas de continuer à licencier en Allemagne, à faire le chantage à l'emploi pour faire baisser les salaires en Allemagne, comme en France aujourd'hui à Sarreguemines. En Allemagne, le tribunal du travail de Dortmund vient de son côté de déclarer illégaux les 300 licenciements voulus par Continental dans son usine de Dorsfeld, et d'ordonner la réintégration des salariés qui l'avaient saisi. Cela ne peut qu'encourager dans les deux pays les salariés à résister à ces agressions contre leur emploi et leur salaire.

En annonçant leur volonté, si la direction internationale ne reculait pas, d'unir dans une lutte commune les travailleurs de France et d'Allemagne contre les diktats du groupe, les 500 ex-salariés rassemblés ont donné jusqu'à début janvier à Continental AG pour ouvrir les négociations en vue de garantir leurs demandes.

Les travailleurs présents se sont préparés à répondre massivement à toutes les initiatives qui s'avéreraient nécessaires si la direction du groupe persévérait dans son attitude. Et, comme ils l'ont conclu dans la motion qu'ils ont adressée au président du directoire : « Si ce combat doit s'entamer, nous ne serons pas seuls : justice pour les travailleurs de Continental ! »

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