Bahreïn : Manifestations contre la « Formule 1 du sang »02/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2335.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Bahreïn : Manifestations contre la « Formule 1 du sang »

Les dirigeants de la Fédération internationale de l'automobile et de la dynastie Al-Khalifa ont l'air satisfaits. La course de Formule 1 s'est bien tenue du 19 au 21 avril au Bahreïn, sous la protection de 8 000 militaires et policiers.

Pourtant, dans la capitale Manama et les villages de sa banlieue, des centaines de manifestants ont tenté de s'opposer à l'organisation du Grand Prix aux cris de « Non à la Formule 1 du sang » et « Votre course est un crime », voulant attirer l'attention sur les exactions et la dictature exercées par une dynastie qui règne sur l'émirat depuis l'indépendance de 1971.

En fait, c'est depuis février 2011 que des manifestants, jeunes et moins jeunes, s'opposent courageusement aux lacrymogènes, aux grenades assourdissantes et aux balles des forces de répression pour « pouvoir s'exprimer sans être tué, torturé ». Mais, dans un contexte de chômage qui touche 40 % des jeunes, ils réclament aussi la fin de la discrimination à l'emploi, particulièrement dans la fonction publique, premier employeur de l'île, et de la discrimination dans le logement, qui frappe la majorité chiite de la population. Ces derniers représenteraient environ 70 % de la population d'origine, soit 600 000 personnes, auxquelles s'ajoutent autant de travailleurs immigrés venus d'Iran ou d'Asie du Sud-Est. Ce sentiment d'injustice face à la dynastie tribale d'obédience sunnite est important, mais les raisons qui poussent la population dans la rue ne se résument pas à cela.

Le raffinage du pétrole, le gaz, la pêche et les perles assurent la continuité de la richesse de la dynastie Al-Khalifa. L'Arabie saoudite voisine est reliée à l'île par un pont, bien pratique pour faire intervenir ses troupes contre les manifestants. Son soutien et celui des États-Unis, dont Manama héberge la Ve flotte et 1 500 militaires, assurent la continuité de la dictature. Même le gouvernement français aurait envoyé à Bahreïn des experts pour aider à l'entraînement de la police antiémeute, c'est peut-être ce qui s'est discuté lors de la discrète rencontre élyséenne de juillet 2012 entre le roi Hamad et le président français.

Le soutien des grandes puissances, pas plus que les hypocrites promesses de « dialogue national » du prince héritier, n'ont réussi à faire taire la voix de la population qui exige ses droits.

Partager