Dans le monde

Mali : Les « exigences de l'information » officielle

Depuis le début de l'intervention militaire au Mali, le gouvernement français veut accréditer l'image d'une guerre quasiment sans victimes. Certains journalistes se mettent au garde-à-vous quand on leur oppose le secret défense, mais d'autres commencent à s'agacer de devoir se contenter des voyages organisés par l'état-major.

Ainsi, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), dirigé par Olivier Schramek, ancien chef de cabinet de Lionel Jospin à Matignon, vient de taper sur les doigts d'un reporter qui voulait aller un peu plus loin. Dans l'émission Envoyé spécial du 7 février sur France 2, un reportage montrait comment, dans un village touareg, les soldats maliens avaient emmené des habitants que l'on n'avait plus jamais revus. Le journaliste avait filmé un puits où pourrissaient des corps, alors que les militaires maliens, interrogés, prétendaient ne rien savoir. Tout le monde était pourtant au courant dans le village.

L'auteur de ce reportage montrant une réalité dérangeante de la guerre du Mali a donc été mis en garde par le CSA. Au nom du « respect du principe de la dignité humaine », il lui a été demandé « de limiter aux exigences de l'information la diffusion d'images montrant les victimes des affrontements ».

Satisfaire les « exigences de l'information » selon le CSA consiste, si l'on comprend bien, à recopier les dépêches de l'armée.

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