Portugal : Après la grève du 14 novembre, quelles perspectives pour les travailleurs ?21/11/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/11/une2312.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Portugal : Après la grève du 14 novembre, quelles perspectives pour les travailleurs ?

Le 14 novembre, jour de l'appel de la Confédération européenne des syndicats à manifester dans plusieurs pays européens contre l'austérité, des dizaines de milliers de Portugais ont participé à la grève générale et aux manifestations organisées dans tout le pays par la CGTP. L'opposition à la politique d'austérité menée par le gouvernement de droite de Passos Coelho et la Troïka (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) se confirme, sans trouver de souffle nouveau ni disposer de perspectives claires.

La population travailleuse sait parfaitement ce qu'elle rejette : le chômage massif (15,5 %), les salaires et les faibles retraites brutalement réduits, la durée du travail accrue, l'âge de départ à la retraite repoussé, les impôts augmentés, les budgets sociaux et tous les services publics victimes de coupes. Tout dernièrement encore, quatre jours de congé ont été supprimés, dont deux anniversaires civils et deux fêtes religieuses. Le pouvoir d'achat a tellement chuté que des patrons s'inquiètent et protestent contre la récession.

Une des expressions de cet appauvrissement est une nouvelle vague d'émigration. Sauf que ces nouveaux émigrés arrivent dans des pays européens ou américains déjà fortement touchés par le chômage. En France par exemple, alors que dans les années 1960 ils trouvaient sans peine du travail, aujourd'hui ils ne survivent bien souvent que grâce aux associations caritatives portugaises.

Contre cette situation, les manifestations n'ont pas manqué depuis l'été : le 15 septembre, avec un million de personnes dans la rue, un Portugais sur dix ; le 29 septembre à Lisbonne, à l'appel des deux confédérations syndicales, CGTP et UGT ; les 13 et 15 octobre contre le budget annoncé pour 2013 par Passos Coelho ; le 31 octobre contre le vote de ce même budget par l'Assemblée. Mais si la classe ouvrière est unanime contre l'austérité, seul le secteur public, cheminots, salariés du métro et des bus, enseignants, hospitaliers, participe aux grèves. Il n'est pas certain même que les travailleurs des entreprises privées y soient vraiment appelés par leurs syndicats. Pourtant, ne pas tenter de les associer aux mouvements, c'est renoncer à faire pression sur le patronat et sur son État.

Pour vaincre, il faudrait commencer par proposer des perspectives claires aux travailleurs, ce que ne fait aucune des organisations de l'opposition. Le Parti socialiste, qui il y a un peu plus d'un an menait cette même politique d'austérité, ne s'y oppose que mollement aujourd'hui et ses ambitions se limitent à revenir au pouvoir. Le Parti communiste portugais appelle à chasser le gouvernement, mais ses vues sont uniquement électorales et il propose un gouvernement de la gauche unie, dont le PS ne veut pas entendre parler. Quant au Bloc de gauche, issu d'organisations de gauche et d'extrême gauche, lui aussi dénonce avec vigueur l'austérité et parle d'un gouvernement de gauche « de rupture avec la Troïka », sans préciser de qui un tel gouvernement devrait se composer. Toutes ses perspectives restent parlementaires, et il ne dit pas à la classe ouvrière quelle politique il propose et dans quelle perspective elle devrait lutter.

Ce serait pourtant la seule voie pour s'opposer efficacement à l'austérité gouvernementale en imposant face à la crise les solutions ouvrières.

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