Dans le monde

États-Unis : Ne pas accepter le bluff fiscal

L'ampleur de la dette de l'État américain, qui dépasse les 16 000 milliards de dollars, un record dû aux milliers de milliards dépensés en particulier pour sauver les profits des grandes entreprises et des banques malgré la crise, est utilisée comme argument pour imposer à la population de nouveaux sacrifices.

Voilà plus d'un an qu'une loi a été adoptée prévoyant que, si les Républicains et les Démocrates ne se mettent pas d'accord au Congrès sur quelque 4 000 milliards d'économies budgétaires sur dix ans, des coupes automatiques, plus terribles encore, ainsi que des augmentations d'impôts automatiques s'appliqueront dès le 1er janvier. C'est la vertigineuse « falaise fiscale ». Républicains et Démocrates, qui depuis plus d'un an ne se sont pas mis d'accord pour cause de campagne électorale, ont maintenant moins de deux mois pour faire mine de signer sous sa menace un accord qui sera une attaque en règle contre la population laborieuse.

Nous avons traduit ci-dessous l'éditorial du bimensuel trotskiste américain The Spark, qui dénonce cette mise en condition de la population pour lui faire accepter de nouveaux sacrifices.

Les élections sont à peine terminées qu'on nous ressort la « falaise fiscale », ce piège que les deux partis ont fabriqué ensemble en août 2011. Théoriquement, si le Congrès ne se met pas d'accord sur un plan de réduction du déficit, de terribles coupes budgétaires et d'énormes augmentations d'impôts se mettront automatiquement en place.

Théoriquement, cela plongera l'économie dans une profonde récession.

Théoriquement, théoriquement, théoriquement...

Une « falaise fiscale » ? Non, cela s'appelle un « bluff fiscal ». Ils essayent de nous tromper avec un déluge de propagande. Pour nous faire accepter l'inacceptable. Il s'agit ni plus ni moins d'une conspiration pour nous dépouiller, un chantage du style « la bourse ou la vie ».

Et qui pousse à cette extorsion ? Les plus grandes sociétés de Wall Street, les plus grandes banques, les acteurs de la finance responsables de la crise de 2008. Ce sont eux qui ont créé récemment un site intitulé Fix the Debt (fixthedebt.org) qui n'a rien d'anodin, puisqu'on y trouve la liste de tout ce que ces gros intérêts financiers exigent de couper : le système fédéral de retraites (Social security), la couverture médicale fédérale des personnes âgées (Medicare), celle des pauvres (Medicaid), les allocations chômage, etc.

Ce sont des coupes monstrueuses qu'ils réclament, plus monstrueuses encore que lors de la crise des subprimes. Ils veulent couper encore plus dans tous les services utiles à la population : les services sociaux, les services publics et l'enseignement.

Ils prétendent que, si les deux partis ne se mettent pas d'accord sur les économies à faire, alors des coupes bien pires interviendront automatiquement.

Les Démocrates et les Républicains font mine de se quereller à propos des impôts des riches. Les Démocrates disent vouloir « taxer les riches », les Républicains s'y opposent. On peut être sûr qu'au bout du compte il y aura une augmentation d'impôt pour les riches, mais une petite, toute petite augmentation.

Loyd Blankfein, le PDG de Goldman Sachs, en a récemment donné une idée : il a magnanimement déclaré qu'il était prêt à payer 5 % d'impôt en plus, si le Congrès se mettait d'accord sur les économies à faire. Bien sûr que ce banquier d'une richesse obscène, payé l'an dernier 16 millions de dollars par Goldman Sachs, y est prêt.

D'autres banquiers ont déjà accepté de payer un petit peu plus d'impôts, à condition que le gouvernement leur verse beaucoup plus d'argent, prélevé sur les programmes sociaux, sur les services publics, sur l'enseignement public, comme prévu dans le marché que les politiciens sont en train de conclure. Quelle bonne affaire pour les banquiers et quelle arnaque pour nous !

Les Démocrates peuvent taxer un petit peu plus les riches, pour détourner l'attention des attaques en règle contre la population. Dans la campagne qui vient de s'achever, les Démocrates promettaient de protéger « la classe moyenne » !

Ceux qui ont voté démocrate dans le fol espoir que les Démocrates les protégeraient vont voir ce qu'ils vont faire maintenant : ils vont se servir des votes en leur faveur pour s'attaquer à leurs propres électeurs.

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