Belgique : Avec les travailleurs de Ford Genk14/11/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/11/une2311.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : Avec les travailleurs de Ford Genk

Dimanche 11 novembre, entre 15 000 et 20 000 manifestants sont venus affirmer leur solidarité avec les travailleurs de Ford dans la petite ville de Genk, en Flandre orientale. Fin octobre, la multinationale Ford a annoncé la fermeture de l'usine pour 2014, ce qui signifie la suppression de 4 500 emplois directs, en réalité au minimum 10 000 emplois, compte tenu du nombre de salariés des entreprises sous-traitantes.

À ces travailleurs et à leurs familles s'étaient jointes des délégations d'entreprises Ford venues d'Allemagne, de France, d'Espagne, de Turquie, faisant fi des efforts de la direction pour monter les travailleurs des différents sites les uns contre les autres. Une délégation de PSA Aulnay était également présente.

La délégation allemande de l'usine de Cologne, relativement proche, était forte de plusieurs centaines de manifestants. Quatre jours plus tôt, le mercredi 7 novembre, quelque 250 travailleurs de Ford Genk étaient entrés par surprise sur le site de Cologne pour appeler leurs collègues allemands à la solidarité. La police anti-émeute, appelée par la direction de Cologne, avait eu bien du mal à les en faire sortir.

S'étaient aussi joints des travailleurs et des délégations syndicales des nombreuses entreprises fermées ou sous le coup d'une menace de fermeture ou de suppressions d'emplois : des anciens d'Opel Anvers, fermé en 2010, d'Audi Bruxelles, restructuré en 2006, des délégations venues de Volvo Gand, Philips Bruxelles, Dow Chemicals, Bekaert... Pour le seul mois d'octobre, ce sont en effet plus de 15 000 suppressions d'emplois qui ont été annoncées en Belgique !

Des travailleurs venus de Liège, une ville francophone proche de Genk, suscitaient des gestes de sympathie de la part des manifestants flamands : des pouces levés, des tapes sur l'épaule signifiaient que leur présence était appréciée, après des années de matraquage sur la division entre Flandre et Wallonie de la part des partis politiques et des médias.

Tous ces signes positifs étaient malheureusement contrebalancés dans cette « marche pour l'avenir » par le silence du cortège : aucun mot d'ordre, aucune revendication n'étaient apportés par les organisations syndicales, excepté un sinistre brassard noir distribué en signe de deuil. Aucune perspective face à la vague de suppressions d'emplois, aux attaques en cours contre les salaires, contre les chômeurs, n'était formulée. Cet apolitisme délibéré ne peut que renforcer le sentiment d'impuissance éprouvé par beaucoup. Seuls, le cortège du PTB (Parti du travail de Belgique, d'origine maoïste) et les pancartes revendicatives tenues par des militants politiques, tranchaient avec le ton d'enterrement silencieux voulu par les directions syndicales.

Le patronat, lui, ne réagit pas du tout de la même manière. L'émoi suscité par l'annonce de la fermeture de Ford Genk a été immédiatement utilisé par les organisations patronales pour faire entendre bruyamment de nouvelles revendications, réclamant « des mesures choc » pour relancer la compétitivité : baisse de cotisations sociales et des impôts pour les entreprises, baisse du « coût du travail », etc.

Pendant ce temps, le gouvernement, lui, discute d'une augmentation de la TVA à 22 %, de « sauter » la prochaine indexation des salaires, de mesures d'économies « à la tondeuse » dans les budgets publics... après avoir décidé de consacrer 2,9 milliards d'euros pour recapitaliser Dexia.

Face à la crise, le patronat est à l'offensive pour maintenir ses profits. Reste aux travailleurs à s'organiser pour de bon, afin d'imposer la défense de la seule chose qu'ils ont pour vivre : leurs salaires et leurs emplois !

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