L'armée française et l'Afghanistan : Après le conflit, la guerre tue encore25/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/10/une2308.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

L'armée française et l'Afghanistan : Après le conflit, la guerre tue encore

À l'occasion d'un colloque de l'armée sur « les blessures invisibles », on a appris la situation des soldats revenus d'Afghanistan présentant des troubles psychiatriques.

Officiellement, l'armée comptabilise 400 blessés souffrant de tels troubles. Mais pour beaucoup d'autres, les blessures purement psychiques ne se révèlent qu'à la longue, ou à l'occasion d'un acte de violence subite, comme une agression sur des membres de la famille ou sur des inconnus, des suicides ou tentatives de suicide. Ainsi un père témoigne du comportement délirant de son fils, en proie à des crises d'hallucinations. Les parents d'un autre racontent comment ils doivent parfois attacher leur fils, terrifié par ses cauchemars et qui, après deux tentatives de suicide, croit au moindre bruit entendre des tirs ; ils ont intenté un procès à l'armée, qui ne veut pas reconnaître sa responsabilité.

60 000 soldats français sont passés par l'Afghanistan depuis 2001. Les derniers effectifs devraient rentrer bientôt et grossir, pour une partie, les rangs des traumatisés que l'armée n'est jamais pressée de prendre en charge mais qui pèsent sur les familles et sur la société tout entière qui voit revenir des malades, des individus détruits par la drogue et parfois capables de violence incontrôlée.

Aux États-Unis un rapport a révélé que le taux de maladies mentales a presque doublé depuis l'envoi des troupes en Irak et en Afghanistan, que plus de 20 % des soldats de retour de ces deux pays souffraient de syndromes post-traumatiques, dont une moitié seulement se soignent. On observe une hausse des violences domestiques et une surmortalité des enfants de ces soldats démobilisés. Le Pentagone a reconnu que, pour la première fois dans un conflit, le nombre de suicides (2 000) avait égalé celui des morts au combat.

Mais la fin du conflit n'y met pas un terme : un suicide sur cinq aux États-Unis est le fait d'un ancien du Vietnam et, en Grande-Bretagne, la guerre des Malouines en 1982 a fait 258 morts parmi les soldats britanniques et 262 suicides dans les vingt années suivantes.

De ces sales guerres, faites d'affrontements avec des groupes armés mais aussi de pratiques barbares et de représailles contre les populations civiles, il n'est pas étonnant qu'on ne sorte pas indemne ni physiquement ni psychiquement. L'armée et l'État camouflent ce qu'ils peuvent et font parfois semblant de se préoccuper des problèmes d'après-conflit. Mais la meilleure façon d'y mettre fin serait de ne pas envoyer de troupes d'occupation aux quatre coins du monde.

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