Maroc : Le droit de ne pas jeûner...30/08/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/08/une2300.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Maroc : Le droit de ne pas jeûner...

Au Maroc, à la veille du ramadan et avec la bénédiction du roi Mohamed VI, le ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, issu du parti islamiste au pouvoir (Justice et Développement) avait prévenu : « Les autorités marocaines appliqueront avec fermeté l'article 222 du code pénal marocain de 2010 qui stipule que toute personne qui, notoirement connue pour son appartenance à la religion musulmane, rompt le jeûne ostensiblement en période de ramadan, sans motif admis par cette religion, est passible d'un à six mois de prison et d'une amende de 12 à 120 DH. »

Si les témoignages sont rares, la presse du pays a toutefois rapporté plusieurs incidents impliquant ce que les autorités nomment des « récalcitrants ». Il y a eu tout d'abord l'arrestation de quatre jeunes - deux hommes et deux femmes - à Beni Mellal (centre), qui attendent désormais leur jugement après qu'un fermier les a aperçus en train de manger et de fumer sur la route. Deux ouvriers d'un chantier de constructions près de Casablanca ont perdu leur emploi et sont menacés de poursuites judiciaires pour s'être arrêtés « casser la croûte ».

C'est pourquoi depuis 2009 des jeunes Marocains expriment leur volonté de se battre pour « le droit de ne pas jeûner ». Issus du petit groupe du Mouvement alternatif des liberté individuelles (Mali) après leur spectaculaire pique-nique du ramadan l'an dernier, ils poursuivent leurs protestations cette année sous le nom de Masayminch (nous ne jeûnons pas). Imad Iddine Habib, fondateur du mouvement, évoque toute l'hypocrisie de la loi marocaine : « Nous voulons que cette loi soit abrogée. Nous ne sommes pas croyants et la société n'a pas le droit de nous imposer ses croyances » explique-t-il. Une autre militante du groupe témoigne : « Impossible pour un diabétique de pouvoir manger en public ni pour une femme enceinte de se désaltérer. » Elle est catégorique : « McDonalds, par exemple, refuse de servir ceux qui ont une "gueule d'Arabe". » Depuis 2010, cette chaîne américaine affiche même sur l'entrée de ses restaurants que « seuls les adultes non musulmans seront servis ». C'est une des absurdités de cette loi, faisant de tous les Marocains des musulmans. Et un militant de Masayminch de Casablanca de conclure qu'il y a là « un héritage du protectorat colonial, du temps où l'on classait les habitants en fonction d'une confession religieuse et où les Marocains étaient forcément musulmans ».

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