Dans le monde

Europe, crise de la zone euro : Vers un nouveau sommet de la dernière chance

Un vent de panique souffle parmi les dirigeants des États de la zone euro et au sein des institutions européennes.

Il y a la crise de la dette de la Grèce, et en particulier la menace d'une sortie du pays de la zone euro, liée au résultat des élections législatives qui doivent s'y dérouler le 17 juin. S'y ajoute, depuis la déconfiture de Bankia, quatrième banque espagnole, sauvée à coups de milliards par l'État, la menace d'une faillite de l'ensemble des banques du pays, fragilisées en raison du volume de capitaux qu'elles ont investis dans l'immobilier et qui ne valent plus rien aujourd'hui. La Banque d'Espagne chiffrait le montant de leurs actifs immobiliers pourris à 184 milliards d'euros.

Résultat, les Espagnols, comme les Grecs, ont commencé à retirer de l'argent de leurs comptes bancaires, et les « investisseurs » à quitter le navire. Selon la Banque d'Espagne, près de 97 milliards d'euros de capitaux ont ainsi fui le pays au premier trimestre, dont 66 milliards pour le seul mois de mars.

Conséquence, pour se refinancer l'État espagnol doit payer aux financiers qui spéculent sur ses difficultés des taux d'intérêt de plus en plus élevés, proches de 7 %, ce qui ne peut qu'accroître encore le poids de sa dette, ses difficultés à y faire face et le risque d'un effondrement général.

Mais ce risque ne concerne pas que l'Espagne.

Dans la foulée, les taux d'intérêt exigés de l'État italien ont recommencé à croître, et à dépasser le seuil des 6 %. Preuve que l'Italie est, après l'Espagne, le prochain État ciblé par les spéculateurs qui parient sur l'éclatement de la zone euro.

Depuis la fin du mois d'avril, l'euro lui-même cumule les séances de baisse sur les marchés des changes, ceux qui veulent s'en débarrasser étant plus nombreux que ceux qui veulent en acquérir. On parle d'une « défiance généralisée contre la zone euro ». C'est bien la survie de la zone euro et de la monnaie unique qui est en jeu. Et tel est bien le sujet à l'ordre du jour des discussions préparatoires au sommet des chefs d'État et de gouvernement de la zone euro et du sommet lui-même, qui doit se réunir les 28 et 29 juin.

Pour redorer le blason de l'Union européenne aux yeux des marchés, pour regagner leur confiance, les dirigeants européens appellent de leurs voeux un renforcement des mécanismes de solidarité entre les États de la zone euro.

À chaque crise, et à chaque sommet européen de crise, ils ont tenu le même discours sur la nécessité de faire progresser l'intégration politique et économique de la zone euro. Ces discours n'ont débouché sur rien, si ce n'est, au bout du compte, sur la défense par chaque État de ses intérêts nationaux, c'est-à-dire essentiellement des intérêts de ses banquiers et de ses capitalistes. Les propositions qui supposent, de la part des États, un abandon de souveraineté au profit d'une institution commune, européenne, et tous les discours sur la nécessité d'une plus grande intégration européenne restent le plus souvent des voeux pieux.

À plus court terme, pour venir au secours des banques espagnoles menacées de faillite, l'idée progresse parmi les autorités et gouvernements européens de permettre au Fonds européen de stabilité financière (et au Mécanisme européen de solidarité qui doit lui succéder) de financer non plus seulement les États, comme c'est prévu, mais aussi, directement et en urgence, les banques en difficulté. Cette proposition ne fait pas actuellement l'unanimité. Elle se heurte en particulier à l'opposition des gouvernements qui rechignent à apporter leur contribution. Mais cette opposition ne pèsera peut-être pas lourd face à la menace d'une crise bancaire majeure partie de l'Espagne et qui, ne connaissant pas de frontières, et compte tenu des liens des banques entre elles, n'en épargnerait aucune.

Une chose est sûre en tout cas, dans ce nouvel épisode de la crise de la zone euro : il va servir de justification à un nouveau sauvetage des banques à coups de milliards et, pour trouver ces milliards, de prétexte à de nouvelles mesures d'austérité à l'encontre des populations.

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