Mayotte : Grèves et manifestations contre la vie chère12/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2254.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mayotte : Grèves et manifestations contre la vie chère

Depuis le mercredi 21 septembre, la population de l'île de Mayotte, située dans l'archipel des Comores au nord-ouest de Madagascar, fait grève et manifeste contre la cherté de la vie. Des milliers de manifestants se regroupent dans les principales villes de l'île où ils ont érigé des barrages. Ils demandent la baisse des prix de quelques produits dits de première nécessité.

À l'appel d'un collectif formé d'organisations syndicales, dont la CGT Mayotte, et de plusieurs associations de consommateurs, la population mahoraise est dans la rue et trouve face à elle des policiers et des gendarmes, dont certains ont tout spécialement été envoyés de France et de l'île de la Réunion voisine. Pour lever les barrages, les forces de répression ont fait usage de leurs armes. Il y a eu plusieurs blessés dont un jeune garçon qui a perdu un oeil suite à un tir de flash ball. Le journal réunionnais Témoignages a rapporté les propos suivants d'une mère de famille : « Regardez, ils sont là à nous guetter comme si on était des voleurs ou des assassins. On a juste faim .»

Depuis le 29 septembre, des négociations ont lieu entre le collectif, les représentants de l'État et les patrons de la grande distribution. Pour l'heure, aucun accord n'a été trouvé sur les revendications des manifestants : baisse des prix, en particulier du gaz, de l'essence, du poulet, du riz, de la farine, du lait, de l'huile mais aussi du sable et du ciment. Une bouteille de gaz coûte 31 euros à Mayotte contre 20 euros à la Réunion. Un carton de dix kilos de mabawa (aile de poulet), devenu le produit symbole de la mobilisation, y est vendu 26,90 euros, un prix très excessif. En quatre ans, le coût de la vie a officiellement augmenté de 60 % à Mayotte, contre 15 % à la Réunion et 5 % en France.

La situation dans laquelle se trouve la population mahoraise est non seulement due aux prix exorbitants pratiqués par les capitalistes du commerce, notamment ceux des grandes enseignes, mais également à la politique de l'État français qui applique un régime spécial en matière de droits sociaux à ce 101e département français. Le smic mahorais est inférieur de 15 % au smic français pour une même durée de travail hebdomadaire. Il en va de même des prestations sociales qui ne sont toujours pas appliquées dans leur intégralité. Et cette situation risque de durer puisque lors de la départementalisation de Mayotte du 31 mars dernier, il a été prévu que les rattrapages par rapport à la Métropole se fassent... sur 25 ans !

Quant à la ministre de l'Outre-mer, Marie-Luce Penchard, elle a surtout le souci de préserver les profits patronaux et de « ne pas voir fragiliser le tissu économique », comme cela a été le cas selon elle lors du mouvement social de 2009 à la Guadeloupe, qui aurait, a-t-elle dit, amené la suppression de 3 000 emplois. Mais des emplois (et donc des revenus), la population mahoraise en manque cruellement. Plus de 30 % des travailleurs sont privés d'activité et plus d'un jeune sur deux ne trouve pas de travail. Et c'est également là une des raisons de la colère.

Partager