Rwanda : Du sang sur les mains, l'impérialisme français cherche à se remettre en selle14/09/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/09/une2250.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Rwanda : Du sang sur les mains, l'impérialisme français cherche à se remettre en selle

Le 13 septembre, le président du Rwanda Paul Kagamé était en visite officielle à Paris. Les patrons français espèrent de nouveau faire des affaires, dans un pays où la France fut complice d'un gigantesque massacre en 1994.

Il y a dix-sept ans, en juillet 1994, le Front patriotique rwandais (FPR) dirigé par Kagamé avait chassé le pouvoir hutu. Celui-ci continuait à être soutenu par la France, alors même qu'il était en train de massacrer près d'un million de personnes, en majorité des Tutsis, mais aussi des Hutus qui refusaient d'être associés à ce carnage. Même si, aujourd'hui, Kagamé renonce à demander des comptes aux autorités françaises, déclarant vouloir « échapper à l'Histoire pour avancer », la France n'a nullement renoncé, elle, à sa politique impérialiste, ni admis ses exactions passées.

Quelques-uns des acteurs de l'époque, à commencer par Mitterrand qui était à la présidence de la République, ont disparu de la scène, mais d'autres sont encore présents et se revendiquent de cette politique. C'est le cas de Paul Quilès, ancien ministre PS de Mitterrand, notamment à la Défense en 1985 et 1986, et toujours expert des questions de stratégie et de défense au PS. Alors qu'il avait déjà largement cherché à disculper l'armée française en tant que président de la Mission d'information parlementaire sur le Rwanda trois ans après le massacre, Quilès vient de qualifier « d'ignominie » la visite de Kagamé en France, rejoignant ainsi l'indignation d'un groupe de députés UMP et celle du général Lafourcade, qui y voit une « insulte faite aux militaires français ». Ce général était à l'époque à la tête de l'opération Turquoise qui, sous couvert d'opération humanitaire, organisait la fuite des dirigeants hutus responsables des massacres, au moment où ils étaient évincés de la capitale du Rwanda, Kigali. Quant à Juppé, qui a retrouvé sous Sarkozy le poste de ministre des Affaires étrangères qu'il occupait déjà sous Mitterrand en 1994, il a préféré se trouver opportunément en voyage à l'autre bout du monde plutôt que d'avoir à serrer la main de Kagamé.

Si certains n'ont, visiblement, toujours pas digéré le revers infligé à l'armée française à travers la victoire du FPR sur le pouvoir hutu, d'autres comme Sarkozy ont choisi de tourner la page. Mais c'est pour mieux continuer à défendre les intérêts de l'impérialisme français. Car entre-temps les impérialismes rivaux, anglais et américain notamment, ont occupé la place laissée vacante par la France. C'est ainsi que le Rwanda, ancienne colonie allemande avant la Première Guerre mondiale, transférée à la Belgique jusqu'à son accession à l'indépendance en 1962, est devenu, en novembre 2009, membre du Commonwealth sous la coupe de la Grande-Bretagne.

Malgré cette évolution, l'impérialisme français n'a pas renoncé à ses prétentions sur ce pays, considéré aussi comme une clé pour accéder aux richesses minières de sa voisine, la République démocratique du Congo, ex-Zaïre. La tentative de renouer avec le Rwanda s'inscrit dans la même démarche que les interventions françaises en Côte d'Ivoire ou en Libye : celle d'un impérialisme qui cherche à préserver, et si possible à étendre aux dépens de ses concurrents, sa zone d'influence en Afrique.

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