Leur société

La crise financière : Face à la débâcle de l'économie capitaliste, protéger les intérêts vitaux des travailleurs

Les nouveaux soubresauts de la Bourse, l'effondrement du prix des actions des grandes banques témoignent du fait que, malgré les déclarations optimistes des dirigeants politiques, le monde continue à s'enfoncer dans la crise. Mais ces soubresauts montrent aussi clairement à quel point les dirigeants de l'économie et des États sont incapables de maîtriser leur propre économie.

Les banques françaises sont particulièrement dans l'oeil du cyclone, pour cette bonne et simple raison qu'elles étaient au premier rang pour se jeter sur la Grèce afin de lui prêter des sommes importantes à des taux usuraires, en escomptant des profits alléchants. Mais les marchés financiers, où toutes ces banques rivalisaient pour prêter à la Grèce, sont eux-mêmes effrayés aujourd'hui par la dégradation du climat économique et par la possibilité de plus en plus vraisemblable que l'État grec soit incapable de rembourser sa dette.

Comment le pourrait-il puisque plus le crédit est cher, plus le volume de la dette à rembourser augmente et, surtout, plus les intérêts accumulés sur cette dette sont faramineux ?

Comment l'État grec pourrait-il rembourser sa dette , alors que non seulement ses caisses sont vides, en particulier pour avoir aidé ses banquiers, mais qu'il a déjà largement pressuré ses classes populaires par une politique d'austérité draconienne ? Bien sûr, il continuera à les pressurer par de nouvelles mesures d'austérité, mais il court derrière les problèmes sans pouvoir les rattraper, car l'aggravation de la politique d'austérité appauvrira encore plus la population et rendra la solvabilité de l'État encore plus fragile.

Mais, dans la réaction des marchés financiers, c'est-à-dire des grandes banques elles-mêmes, il n'y a pas que la panique. Il y a aussi le chantage pour obtenir que les autres États européens paient pour la Grèce. « Il y va de l'avenir de l'euro », répètent précisément ceux qui sont en train de le démolir par la spéculation.

L'économie est malade des banques

Devant l'imminence d'un effondrement bancaire avec toutes ses conséquences possibles pour l'activité économique, ne serait-ce que par la reproduction de la « crise des liquidités » de 2008, dans laquelle les banques avaient arrêté de se faire crédit les unes aux autres et à l'économie, un quotidien a titré récemment : « Les banques malades de la Grèce » !

Non, c'est la Grèce qui est malade des banques ! Et d'ailleurs pas seulement la Grèce, mais aussi le Portugal, l'Espagne, l'Irlande, l'Italie, et potentiellement toute l'économie européenne et mondiale.

Les dirigeants politiques et économiques du monde constatent le problème et, depuis trois ans, prétendent chercher des solutions. Et, depuis trois ans, ils n'en trouvent pas. Et s'ils n'en trouvent pas, c'est parce qu'il n'y en a pas ! Car les crises du capitalisme sont incontrôlables. C'est une économie qui n'est pas seulement fondamentalement injuste car, dans les périodes d'expansion comme dans les périodes de récession, elle accumule des richesses à un pôle, et la pauvreté à l'autre. Mais, en plus, elle est irrationnelle, anarchique, destructrice.

Tout le monde sait, y compris les laudateurs béats du système capitaliste, que la crise financière ne reste pas et ne peut pas rester dans la seule sphère financière. La finance n'est pas -- ou pas seulement -- un gigantesque Monopoly, joué avec de faux billets en guise d'argent, où, une fois la partie finie, on range la boîte et chacun vaque à ses affaires. Fictifs ou pas, les milliards perdus dans les soubresauts des spéculations résultent du travail humain, de la peine et de l'usure des travailleurs, de leur exploitation. Et la sphère financière fait intégralement partie de l'économie, comme la tumeur cancéreuse fait partie du corps qu'elle détruit.

Une crise bancaire, c'est-à-dire la restriction croissante des crédits à l'économie, voire leur assèchement -- comme cela menace --, aura des conséquences sur le fonctionnement des entreprises de production, sur la production elle-même, sur l'emploi, sur les salaires. C'est déjà un immense gâchis pour la société, et nous sommes encore loin d'avoir tout vu !

Le monde du travail doit se protéger

Alors, le problème des travailleurs, des salariés, qui sont les principales victimes de la crise, n'est pas de chercher des solutions ou, plus exactement, n'est pas de choisir entre de pseudo-solutions, parmi lesquelles se débattent les grosses têtes de la bourgeoisie elle-même : Comment rembourser la dette ? Faut-il sauver ou pas la Grèce ? Faut-il sauver ou pas l'euro ? Etc. Ce sont leurs problèmes et éventuellement, comme la question de la dette des États, un chantage exercé sur les salariés, les retraités, les chômeurs, pour qu'ils acceptent de nouveaux sacrifices.

Les deux seules questions qui vaillent pour le monde du travail, qui n'a que son salaire et, par conséquent, son emploi pour vivre, sont : comment se protéger contre le chômage et comment se protéger contre les hausses de prix ? Tout le reste n'est que de la poudre aux yeux, du point de vue des intérêts des travailleurs.

Quelles que soient les solutions imposées au jour le jour par les circonstances aux dirigeants de l'économie, cela ne sauvera pas les travailleurs licenciés et tombés dans le chômage, dans la pauvreté aujourd'hui et dans la misère demain.

Alors, que la bourgeoisie règle ses problèmes comme elle peut. En réalité elle ne les règlera pas. Mais pour ce qui concerne les salaires, il nous faut nous protéger aussi bien de ses pseudo-solutions que de son incapacité à en trouver.

Contre le chômage, il n'y a pas d'autre façon de se protéger que d'imposer par l'action collective l'interdiction des licenciements et le partage du travail entre tous, sans diminution de salaire.

Après des années à inflation modérée, la classe capitaliste recourra, comme elle l'a si souvent fait dans le passé, aux hausses de prix pour vider les poches des classes populaires. Dans le cadre du système capitaliste, c'est-à-dire jusqu'à ce que les travailleurs soient assez forts, assez conscients, pour contester à la bourgeoisie la direction de l'économie, on ne peut pas empêcher les hausses de prix. Mais on peut empêcher que les hausses de prix entraînent la baisse du pouvoir d'achat, en imposant l'indexation automatique des salaires et des pensions sur les hausses des prix.

La classe ouvrière ne peut pas empêcher le capitalisme de faire des dégâts dans l'économie, tant que perdure ce système économique, qui enchaîne l'économie et la société à la propriété privée des moyens de production et à la course au profit individuel.

Mais les travailleurs peuvent protéger leurs intérêts fondamentaux, leur emploi et leur salaire par l'action collective. C'est un objectif vital pour eux et pour tous ceux qui sont dans leur camp. Dans la débâcle de l'économie capitaliste, il faut sauver les conditions d'existence matérielles et morales de la seule classe qui produit et fait vivre la société.

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