G8 et « printemps arabe » : Des milliards d'aides... aux régimes en place14/09/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/09/une2250.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

G8 et « printemps arabe » : Des milliards d'aides... aux régimes en place

Le G8, qui réunit les huit pays les plus riches du monde, a tenu une de ses sessions à Marseille, en compagnie de neuf organisations internationales (FMI, Banque mondiale, etc.). Samedi 10 septembre, il a annoncé le doublement de l'aide financière à ce que l'on appelle, fort improprement, le « printemps arabe ».

Cette aide passerait de 40 à 80 milliards de dollars. C'est beau, c'est généreux... si on les croit. En réalité, c'est un gros mensonge.

Le G8 a effectivement parlé de doubler le montant des aides annoncées en mai dernier à Deauville pour la Tunisie et l'Égypte, où des révoltes populaires ont provoqué la fuite des dictateurs en place. Mais jusqu'à maintenant rien de ces promesses ne s'est concrétisé. « Il y a un retard à l'allumage », a déclaré le délégué d'une institution financière.

Rien n'a encore été versé, parce que les ministres des Finances et les hauts fonctionnaires internationaux veulent être certains qu'ils financent des hommes sûrs, qui leur soient dévoués. Dans la situation troublée qui suit la chute d'un dictateur, il faut le temps d'établir ou de consolider les liens avec des dirigeants en partie nouveaux. Surtout que les aides sont généralement liées à des contrats avec tel pays, tel groupe industriel : il ne manquerait plus que « notre » argent ne profite pas à « nos » industriels, pensent les États donateurs.

Ce n'est donc pas le « printemps arabe » que ces gens-là veulent aider, mais des dirigeants propulsés à la place des ex-dictateurs, qui soient capables de l'orienter, de le réprimer au besoin, en fonction des intérêts des grandes puissances. Quand ils parlent de libertés, ils n'ont en tête que pétrole, coton, phosphates, etc.

Et, de façon significative, le G8 entend par « printemps arabe » non seulement la Tunisie et l'Égypte, plus éventuellement la Libye, mais aussi le Maroc et la Jordanie. Comme si ces deux monarchies s'étaient débarrassées de leurs rois, qui sont eux aussi des dictateurs pour leur peuple. Les aides à Mohammed VI et à Abdallah II serviront plutôt à prévenir ou écraser tout mouvement populaire qu'à améliorer le sort des populations marocaine et jordanienne.

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