Dans le monde

Libye : L'indécente concurrence des puissances occidentales pour encaisser les dividendes de la guerre

Les dirigeants du CNT l'ont rappelé, ce sont les États qui ont le plus soutenu les insurgés qui seront les premiers servis.

La France, la Grande-Bretagne et les États-Unis, côté puissances occidentales, le Qatar et les Émirats arabes unis, côté États arabes, parce qu'ils furent les plus en pointe dans le soutien militaire des insurgés, espèrent toujours se tailler la part du lion dans les retombées économiques de la reconstruction du pays. Mais chaque gouvernement essaie de tirer la couverture à lui, au détriment des autres, et la concurrence entre eux, pour s'attribuer le rôle principal dans la victoire du camp des anti-kadhafistes, est rude.

Quant à l'Italie, partenaire historique de la Libye de Kadhafi sur le plan économique et principal acheteur de son pétrole, mais plus en retrait sur le plan militaire, elle met aujourd'hui les bouchées doubles pour ne pas être oubliée dans la distribution des contrats. Le gouvernement italien a été parmi les premiers à répondre aux demandes de soutien financier du CNT, en promettant le versement rapide de 350 millions d'euros. Le groupe pétrolier italien Eni a d'ores et déjà signé un accord avec le CNT pour reprendre ses activités dans le pays et a envoyé sur place des spécialistes pour remettre en état les puits pétroliers et gaziers. Son président, Paolo Scaroni, a débarqué à Benghazi, promettant au nouveau gouvernement « de grandes quantités de gaz et d'essence destinées à la population, sans paiement immédiat des Libyens ».

Même ceux qui, comme l'Allemagne, ont désapprouvé l'intervention militaire, ne désespèrent pas d'avoir eux aussi leur part. Ainsi, le ministre des Affaires étrangères allemand, qui, dit-il, espère voir son pays jouer un rôle clé dans la Libye de l'après-Kadhafi en raison de son « expérience et de sa compétence particulière », a promis l'aide de l'Allemagne pour la reconstruction et la restitution des 7,2 milliards d'euros d'avoirs libyens gelés dans les banques allemandes.

Face à ces prétentions, le gouvernement français, qui veille au grain, a tenu à rappeler par la voie d'Alain Juppé que « c'est nous, la France et la Grande-Bretagne, qui avons fait le job », rappelant aussi, au passage, que « le coût de l'opération, 1 million d'euros par jour, est aussi un investissement sur l'avenir ». C'est clair, comme dit Juppé.

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