Norvège : Un tueur fou, au nom d'idées délirantes27/07/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/07/une2243.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Norvège : Un tueur fou, au nom d'idées délirantes

L'attentat d'Oslo et la tuerie sur l'île d'Utoya, le 22 juillet en Norvège, ont fait au moins 76 morts. Le tueur, Anders Behring Breivik, semble avoir agi isolément, indépendamment de tout groupe organisé, accomplissant un dessein personnel élaboré méthodiquement, de longue date et froidement exécuté.

Illuminé, il faut l'être pour exécuter ainsi des dizaines de jeunes, revendiquant fièrement son acte, selon lui « cruel mais nécessaire », en espérant être reconnu comme « le plus grand monstre jamais connu depuis la Seconde Guerre mondiale ». Breivik, qui s'affirme chrétien conservateur, a laissé sur Internet des justifications délirantes où se retrouvent pêle-mêle la haine des étrangers et en particulier des musulmans et du « multiculturalisme qui pourrit la Norvège ». Il évoque « l'usage du terrorisme comme un moyen d'éveiller les masses » et affirme que « quand on décide de tuer, il est préférable de tuer en grand nombre plutôt que pas assez ». À travers ses cibles, les jeunes d'un camp de vacances du Parti travailliste et le siège du gouvernement, le tueur voulait selon ses dires viser l'idéologie « marxiste » responsable selon lui de l'ouverture des frontières et de la perte d'identité de l'Europe blanche et chrétienne.

Breivik est évidemment d'abord un tueur fou, fasciné par les armes et obsédé par le fait de tuer, si possible massivement. Mais ces idées, pour autant qu'on puisse les appeler ainsi, il ne les a pas inventées tout seul. Il est allé les puiser dans le fonds plus ou moins commun des partis d'extrême droite et de tous ceux qui manient le racisme et l'anticommunisme, avec une fascination plus ou moins avouée pour l'idéologie et les méthodes nazies et l'idée qu'il faudra bien, un jour et une bonne fois, massacrer ceux qui s'y opposent.

Il est vrai que, par ailleurs, la plupart des dirigeants des mouvements d'extrême droite européens se défendent de toute responsabilité dans l'acte de Breivik. Mais même un Eric Besson, qui s'y connaît en xénophobie pour avoir joué sur ce registre, a dit s'interroger sur le rôle joué par l'idéologie d'extrême droite dans ce drame. Et il s'est quand même trouvé en Italie un dirigeant d'extrême droite, le député européen de la Ligue du Nord Mario Borghezio, pour déclarer, tout en condamnant « la violence », que « 100 % des idées de Breivik sont bonnes et parfois même excellentes ». Et si les dirigeants de l'extrême droite ne sont pas responsables de la folie de Breivik, ils sont au moins responsables de contribuer à répandre et banaliser les idées dont il s'est emparé.

Des idées dont l'acte de Breivik ne fait que rappeler où elles peuvent mener, et où elles ont déjà mené dans le passé.

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