Ce n'est pas aux pauvres de payer la dette des riches...27/07/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/07/une2243.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Ce n'est pas aux pauvres de payer la dette des riches...

Les chefs d'État d'Europe sont contents. Ils prétendent une fois de plus avoir sauvé tout à la fois la Grèce et l'euro. Les actionnaires sont contents eux aussi, à en juger par la remontée des prix des actions en Bourse.

Mais l'écrasante majorité de la population de la zone euro n'a aucune raison d'être contente. Pas les classes populaires de la Grèce qui constatent que, chaque fois que l'on prétend les sauver, s'aggrave la politique d'austérité qu'on leur impose.

Les classes populaires de France ou d'Allemagne n'ont pas plus de raisons d'être contentes. Les États européens ont décidé d'une caisse de secours commune, chacun prélevant l'argent sur son budget. Fillon a chiffré à 15 milliards ce que cela coûtera au budget de la France. Somme qui sera empruntée aux banques, aggravant la dette de l'État.

« Le coût de la solidarité entre pays d'Europe », osent-ils prétendre. Mais pas un sou de cet argent n'ira à la Grèce, et encore moins à ses classes exploitées. Les 150 milliards sont destinés aux banquiers et à ceux, groupes ou particuliers capitalistes, pour le compte de qui ils spéculent.

Les banques ont trouvé le bon filon en prêtant de l'argent aux États. Y compris aux plus endettés comme la Grèce. Mais c'est précisément parce qu'un État est très endetté que les banques peuvent lui imposer des taux d'intérêt particulièrement élevés, jusqu'à 20 % pour la Grèce et presque autant pour le Portugal. L'usure est aussi ancienne que les créanciers, et chacun sait que plus l'emprunteur est pauvre, plus le créancier peut exiger un taux d'usure. Cette spéculation sur les dettes des États rapporte gros. Aux banques comme aux groupes capitalistes et aux riches particuliers à la Bettencourt qui tirent une bonne partie de leur fortune des fonds qui spéculent pour eux.

Seulement voilà, tout ce beau monde veut avoir le beurre ET l'argent du beurre. C'est l'éventualité qu'un État ne puisse rembourser qui est censée justifier les prêts d'usurier. Mais les prêteurs veulent quand même la garantie qu'ils seront remboursés.

L'État grec est incapable de donner cette garantie ? Du coup, tous les États européens se sont cotisés avec l'argent de leurs contribuables pour la cagnotte commune destinée à racheter aux banques contre de l'argent sonnant et trébuchant les reconnaissances de dettes de l'État grec.

Comment financer cette cagnotte ? On prendra de l'argent sur les salaires, sur les retraites, sur les protections sociales, sur les services publics.

Il y a trois ans, lors de la crise financière de 2008, les États s'étaient tous endettés jusqu'au cou pour mettre de l'argent à la disposition des banquiers.

On nous refait le même coup aujourd'hui. Pendant que les dirigeants politiques font mine de maugréer contre la spéculation, les spéculateurs sont d'autant plus encouragés qu'ils savent que, même si leurs spéculations tournent mal, les États les rembourseront. Dans ce PMU pour riches, si on gagne, on empoche, si on perd, on est remboursé !

La seule politique juste face à la nouvelle crise financière qui menace serait d'exproprier les banquiers et de soumettre les banques à un contrôle strict. Ce n'est pas au profit des travailleurs, des chômeurs, des retraités, que l'État a accumulé une dette fantastique. C'est au profit des banquiers et de leurs donneurs d'ordres. C'est à eux de la rembourser, et pas à ceux qui n'y sont pour rien !

Mais aucun des grands partis politiques ne propose cette politique. Pas ceux qui sont au pouvoir, Sarkozy et les siens. Mais pas plus le PS dans l'opposition. Au contraire, les deux principaux candidats virtuels du PS, Hollande et Aubry, rivalisent pour se montrer partisans d'une politique de rigueur, c'est-à-dire une politique d'austérité pour les classes populaires. Quitte à compromettre leurs chances dans leur électorat, ils tiennent à rassurer la bourgeoisie que ses placements d'argent seront honorés, intérêts d'usurier compris, bien que cela signifie étrangler plus encore les classes populaires.

Que ce soit Sarkozy qui gagne à l'élection présidentielle ou son adversaire socialiste, ce sera aux salariés, aux pauvres, de payer. Et il en sera inévitablement ainsi jusqu'à ce que les classes populaires se décident à taper sur la table et assez fort pour que la classe capitaliste réalise qu'elle n'a pas seulement affaire à des dirigeants politiques, interchangeables dans l'obéissance aux riches, mais à toute la classe des exploités qui en a assez de payer pour une classe privilégiée irresponsable et pour une économie capitaliste débile.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 25 juillet

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