Scandale du Mediator : Servier et l'État complices30/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/04/une-2226.gif.445x577_q85_box-0%2C9%2C172%2C231_crop_detail.png

Leur société

Scandale du Mediator : Servier et l'État complices

Le torchon brûle désormais entre les laboratoires Servier et le ministre de la Santé Xavier Bertrand, chacun rejetant sur l'autre une part de responsabilité dans le scandale du Mediator.

La question est bien sûr de savoir qui indemnisera les malades et les familles des 500 à 2 000 personnes décédées du fait de ce « médicament ».

Servier avait annoncé la création d'un fonds d'indemnisation de vingt millions d'euros - une somme dérisoire par rapport à ce qu'il aura à payer s'il est condamné en justice - mais les personnes indemnisées devaient renoncer à toute poursuite au civil. C'était bien sûr une façon choquante de refuser des responsabilités pourtant évidentes, car le laboratoire a largement usé de son influence et de ses relations pour poursuivre la commercialisation d'un médicament dont les dangers connus avaient entraîné son retrait du marché dans tous les autres pays.

Xavier Bertrand, le ministre de la Santé, fait mine aujourd'hui de prendre le parti des malades contre le laboratoire. Il a demandé à Servier de revoir sa copie et de proposer « dans une semaine » une nouvelle indemnisation. Il a refusé de recevoir le PDG du laboratoire, pourtant un habitué des salons gouvernementaux, entre autres pour y recevoir des décorations de Mitterrand en 1985, Strauss-Kahn en 1992, Chirac en 2002 et Sarkozy en 2009. Le ministre de la Santé a même affirmé que l'État ne verserait pas un centime pour « une réparation qui doit venir du laboratoire, qui connaissait parfaitement son médicament ».

Que Servier doive payer, c'est une évidence. Mais que Xavier Bertrand prétende que l'État n'est pour rien dans le scandale du Mediator, c'est aller un peu fort. Car les responsabilités des politiques - de tous bords d'ailleurs - sont évidentes. Les ministres chargés de la Santé, socialistes comme Aubry ou Kouchner ou de droite comme Bachelot ou Bertrand, ont tous laissé faire et soutenu Servier, considéré comme un des fleurons de l'industrie pharmaceutique française. Pour ne prendre que l'exemple de Xavier Bertrand, c'est lui qui, en 2006, a accepté de maintenir le remboursement à 65 % du Mediator. Pourtant la Commission de transparence, qui juge de l'intérêt des médicaments, avait estimé, dès 1999, que le service médical rendu du Mediator était insuffisant et son taux de remboursement à 65 % injustifié.

Aujourd'hui, Servier et le ministre de la Santé font mine de se déchirer, mais ils ne feront pas oublier que, dans cette affaire, les laboratoires Servier ont toujours été bien servis par l'État.

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