Se servir de son bulletin de vote pour dire ce que l'on pense03/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2131.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Se servir de son bulletin de vote pour dire ce que l'on pense

Beaucoup de commentateurs déplorent que, dans la campagne pour les élections européennes, on parle plus de la situation en France que de l'Europe ! Mais c'est que, d'un bout à l'autre, toute l'Europe présente le même spectacle d'usines qui ferment ou suppriment des emplois. Partout s'aggrave le chômage.

Partout se délabrent, faute de crédits, les hôpitaux, les écoles, les transports publics. Partout la complaisance et les aides des gouvernements vont aux riches parasites, pendant que tous ceux qui travaillent, créent les richesses, font vivre la société, doivent se battre pour survivre.

Le responsable de cette situation désastreuse n'est pas l'Europe, mais le capitalisme. L'Europe, comme tous les pays qui la composent, est dominée par les mêmes grands groupes capitalistes qui ont pour préoccupation exclusive d'accroître leurs profits, quitte à ruiner toute la société.

Alors, les véritables frontières ne passent pas entre les différents pays d'Europe, mais entre les classes sociales : d'un côté, les banquiers, les gros actionnaires des entreprises, la bourgeoisie qui non seulement s'en tire malgré la crise mais qui, bien souvent, accroît sa richesse et ses privilèges grâce à la crise ; et de l'autre côté, tous ceux dont l'avidité des possédants démolit les conditions d'existence.

Il n'est évidemment pas au pouvoir du Parlement européen de porter remède à cette catastrophe sociale. Les grands partis qui prétendent que, si l'on vote pour leurs listes, l'Europe sera meilleure, mentent. Le Parlement européen n'interdira pas les licenciements, n'imposera pas des hausses de salaire. Il ne touchera pas aux intérêts du grand patronat.

Ce que cherchent les grands partis dans ces élections, ce n'est pas la défense d'une certaine idée de l'Europe. La majorité de droite, si son score est bon, s'en servira pour dire que l'électorat a confirmé la politique de Sarkozy, ses prétendues réformes qui sont autant d'attaques contre les classes populaires. Le Parti Socialiste, lui, se servirait d'un bon résultat pour conforter sa prétention à revenir au gouvernement et gouverner, comme il le fait chaque fois qu'il en a la possibilité, au profit du grand patronat.

Lutte Ouvrière ne défend pas dans ces élections un programme électoral, destiné à être réalisé par le Parlement européen. Les exigences que nous formulons, qui sont vitales pour empêcher la classe capitaliste de pousser vers la déchéance le monde du travail, ne pourront être réalisées que par de grandes luttes ouvrières comparables à celles qu'avait provoquées en son temps la crise des années 1930.

Nous disons qu'il ne faut pas laisser aux grands groupes industriels et financiers le droit de décider, sans le moindre contrôle, la stratégie de leurs entreprises, ce qu'elles produisent ou ne produisent pas, dans quoi elles investissent, où et pourquoi.

Il faut supprimer le secret bancaire et le secret des affaires, afin de rendre transparent et public ce qui se passe dans les finances des entreprises. Il faut savoir d'où vient l'argent et où il va. Il faut démasquer les circuits de la spéculation, qui détournent l'argent des investissements productifs et qui ont conduit à la crise financière. Il faut dévoiler, par avance, les projets des patrons, afin que les travailleurs et la collectivité puissent réagir contre les projets qui sont nuisibles.

Alors, puisqu'on nous donne un bulletin de vote, utilisons-le pour dire que ce contrôle des travailleurs sur la vie économique est une nécessité.

Le 7 juin, votez Lutte Ouvrière, pour marquer votre opposition radicale au gouvernement actuel, servile devant les riches et ennemi ouvert des classes populaires, et pour vous démarquer de ceux qui veulent le remplacer sans remettre en cause le système capitaliste.

Votez Lutte Ouvrière, pour exprimer la colère de l'électorat populaire.

Prononcez-vous pour une Europe unie d'un bout à l'autre du continent, ouverte sur le monde mais débarrassée des exploiteurs !

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 1er juin

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