Dans les entreprises

La Poste : Des bénéfices au détriment du service public.

La Poste a engrangé en 2006 un bénéfice net de 789 millions d'euros, en hausse de 42 %. Son président, Jean-Paul Bailly, s'est félicité de " la progression continue depuis 2002 de la performance économique " du groupe.

Cette " performance économique ", ces bénéfices déclarés ont d'abord été payés par les quelque 300 000 employés de La Poste, et les dizaines de milliers d'autres salariés de ses filiales : multiples emplois précaires, payés parfois en dessous du smic par le biais du temps partiel imposé ; salaires très bas, d'abord pour les 120 000 non-fonctionnaires en CDI, mais aussi pour tous les autres. Cela permet d'ailleurs à La Poste de bénéficier de 192 millions d'euros d'exonérations de cotisations sociales sur les bas salaires. Et puis, comme pour bien des salariés en France, les salaires sont loin de suivre l'évolution du coût de la vie.

En plus, l'actualité permanente dans tous les secteurs de l'entreprise est faite de vagues de suppressions de postes : restructurations, fermetures de bureaux et déplacements du personnel. À peine une " restructuration " terminée, une autre commence. Il y aurait eu entre 6 000 et 9 000 suppressions d'emplois pour la seule année 2006. Mais il s'agit d'une politique entamée depuis des années - selon les déclarations du directeur général de La Poste, soucieux de donner des gages aux futurs actionnaires privés - et qui devrait se poursuivre dans le futur. On a parlé de 30 000 suppressions d'emplois visées. Il s'ensuit des conditions de travail dégradées partout.

Les usagers payent aussi de leur côté les conséquences de cette politique d'économies menée à marche forcée. Ainsi les temps d'attente aux guichets sont de plus en plus longs. Dans bien des communes et des quartiers, les horaires ont été réduits, et il est question d'accroître encore les fermetures de bureaux cet été pour éviter à la direction de La Poste d'avoir à remplacer le personnel partant en congé. Dans le même temps La Poste se débarrasse des bureaux de poste qu'elle juge non rentables. Ainsi, selon la CGT, 874 bureaux de poste de plein exercice ont été supprimés en 2006.

Enfin, il y a aussi dans ces bénéfices les premiers résultats de la mise sur pied de la Banque Postale, dont l'objectif affiché est d'être une banque comme les autres, ce qui risque de se traduire non seulement par d'autres suppressions d'emplois mais aussi par l'abandon de centaines de milliers d'usagers aux revenus très modestes. Voilà les méthodes et la politique qui permettent à la direction de se vanter de sa " performance économique ".

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