Dans le monde

Allemagne : L'armée minée par le racisme.

Des propos racistes tenus lors d'une séance d'entraînement ont, une nouvelle fois, mis sur la sellette l'armée allemande. L'affaire a éclaté parce que la scène a été filmée, puis la vidéo diffusée sur internet. Les faits se sont déroulés en juillet 2006 dans une caserne du Schleswig-Holstein. Le film montre un " instructeur " qui explique à de jeunes recrues s'apprêtant à tirer au fusil-mitrailleur : " Maintenant vous êtes dans le Bronx, un van noir s'arrête devant vous. Trois afro-américains en sortent et insultent grossièrement votre mère. " Puis il ordonne : " Avant chaque coup de feu, je veux entendre crier : "fils de pute" ". Tout cela a été relayé par les chaînes de télévision pendant le week-end des 14 et 15 avril.

Le scandale étant devenu public, le ministère de la Défense a été obligé de condamner publiquement ces agissements, tout en prétendant qu'il s'agirait d'un cas isolé. L'instructeur a été muté dans une autre caserne - où il continue de " former " d'autres recrues ? - et l'armée a déclaré envisager - neuf mois après les faits ! - d'autres mesures " en conformité avec le règlement ".

En réalité, cette affaire ne représente nullement une exception. 18 soldats sont actuellement jugés pour mauvais traitements contre 163 recrues. En novembre dernier, le quotidien Bild avait publié des photos choquantes de soldats allemands en Afghanistan posant avec des ossements humains. Fin 2003, Reinhard Günzel, le chef de l'époque du " Commando des Forces Spéciales " (le KSK), la troupe d'élite de la Bundeswehr pour les interventions à l'extérieur, avait été mis en retraite anticipée pour avoir écrit une lettre de félicitations à un député de droite, dont les déclarations racistes, antisémites, antimusulmanes et antiturques, avaient fait scandale. Des soldats du KSK sont de leur côté accusés par Murat Kurnaz, un citoyen turc né en Allemagne, ancien détenu de Guantanamo, de mauvais traitements lorsqu'il fut arrêté en Afghanistan. Quant aux associations d'anciens résistants au nazisme, elles dénoncent régulièrement le culte des " traditions " de la Wehrmacht, qui est perpétué dans certaines unités de l'armée, dont les parachutistes et les chasseurs alpins.

Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l'armée allemande, la Bundeswehr, qui n'a été reconstituée officiellement qu'en 1955 dans le contexte de la Guerre froide, se prétend une armée " démocratique ", respectueuse des droits de l'homme. Cela ne l'empêche nullement d'être, comme bien d'autres, une entreprise d'abrutissement qui a pour charge de préparer de jeunes recrues à perpétrer des massacres, si les besoins de l'État et le maintien de l'ordre impérialiste dans le monde l'exigent. Elle déploie d'ailleurs désormais des troupes à l'extérieur avec 11 000 hommes répartis à l'heure actuelle dans douze pays. On voit quel esprit préside, en Allemagne comme dans les autres pays, à la formation de ces forces dites hypocritement " de maintien de la paix ".

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