Les petits porteurs comptent pour du beurre03/05/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/05/une1762.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les petits porteurs comptent pour du beurre

Ici et là, les petits actionnaires se rebiffent. Ceux, du moins d'entreprises comme Alcatel, dont les actions baissent. Tant qu'il y avait des dividendes, les assemblées générales annuelles étaient des mises en scène où les PDG, de Messier à Tchuruk, se faisaient ovationner. Cette fois-ci, c'est aux cris de « Démission ! » que les petits porteurs ont accueilli le PDG d'Alcatel.

Mais à part grogner, les petits porteurs sont bien impuissants. Ce n'est pas dans les assemblées générales montées à leur intention que se prennent les décisions. Ceux qui y participent ne représentent pas plus de 1 % du capital. C'est le conseil d'administration qui décide, et ce sont les gros actionnaires qui font la loi. Eux, peuvent effectivement révoquer un PDG ; ils l'ont fait par exemple pour Pierre Suard, le prédécesseur de Tchuruk à la tête d'Alcatel, une « chute » amplement amortie d'un parachute doré, constitué de confortables indemnités. Mais tant qu'ils sont en place, les dirigeants choisis par ces gros actionnaires peuvent faire ce qu'ils veulent, à commencer par s'octroyer des rémunérations pharaoniques.

Celle de Serge Tchuruk, salaire et stock-options ajoutés, a augmenté de 16 % en un an pour atteindre les 2,67 millions d'euros. Cela fait grincer des dents les petits porteurs dont les quelques actions ont dans le même temps baissé de 86%, mais qu'importe! Les dirigeants d'entreprise ne se gênent pas par ailleurs pour ne leur communiquer qu'une partie des comptes de l'entre prise, ne leur révélant que ce qu'ils veulent bien des opérations « hors bilan » constituées de montages financiers complexes. Les petits actionnaires peuvent se plaindre de ne pas avoir les moyens de connaître les risques que l'on fait prendre à leur cher pécule. Ils n'ont que leurs yeux pour pleurer mais pas la possibilité de mettre leur nez dans des affaires qui, en principe, les concernent.

Aujourd'hui, on nous dit que tout le monde ou presque serait un capitaliste parce qu'il possède quelques actions. Mais ceux qui savent, qui décident et qui ont le pouvoir se comptent sur les doigts des deux mains. Et à l'intérieur des entreprises, c'est leur dictature qui s'exerce.

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