Potasse d'Alsace : La colère monte de la mine15/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1755.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Potasse d'Alsace : La colère monte de la mine

Cela fait de longs mois que les mineurs de potasse manifestent chaque semaine. Plusieurs ministres ou députés en ont déjà fait les frais. Les mines devant fermer en 2003, les mineurs veulent bénéficier de la retraite à 50 ou 55 ans et d'une retraite égale à 80 % du salaire, quelle que soit la situation des uns ou des autres. En effet, suivant l'âge et le temps de travail à la mine, les situations sont très variées et certains devraient travailler dix ans de plus après 2003.

La date de 2003 se rapprochant et les pouvoirs publics ne cédant que peu et avec une lenteur remarquable, les manifestations régulières ont pris de l'ampleur ces derniers temps, la colère commençant à gagner les mineurs qui voient le temps passer et rien, ou presque, se passer. Ainsi un représentant des mineurs, à la tête de 300 d'entre eux, a dans un premier temps averti les députés de la région que, si les pouvoirs publics ne faisaient rien, ils risquaient d'avoir des élections agitées. Puis 450 mineurs ont manifesté mardi 5 mars devant la sous-préfecture de Mulhouse, avant de se rendre à un rendez-vous avec le député-maire de Mulhouse Jean-Marie Bockel.

Celui-ci ayant fait faux bond, c'est- le député suppléant qui a tenté d'éconduire les mineurs en fermant la mairie et en les prenant de haut. Peut-être avait-il en mémoire ce qui était arrivé il y a quelque temps à un autre député-maire du bassin potassique, qui avait vu le mobilier de sa mairie déménagé sur la chaussée. Quoi qu'il en soit, mal lui en a pris, puisqu'il a été arrosé d'une avalanche de noms d'oiseaux. Puis, par la simple pression de la foule, les portes de la mairie ont cédé et les mineurs se sont retrouvés dans le bâtiment, malgré la présence des policiers, emportés dans le mouvement.

L'assistant parlementaire du député, deux adjoints, dont le député suppléant, se sont plaints d'avoir été bousculés, sinon d'avoir reçu des coups. Le premier adjoint a prétendu que ses lunettes avaient volé et avaient été cassées. Ils ont menacé de porter plainte pour coups et blessures. Ils ne sont par contre guère émus par le fait que des hommes qui ont passé plus de vingt ans à la mine dans les pires conditions de travail, et qui n'ont pas d'autre formation, soient peut-être obligés, à 46 ou 47 ans, d'en reprendre pour dix ans de travail supplémentaire. Ils ne portent pas plainte parce que des veuves de mineurs, et elles sont nombreuses, sont condamnées à vivre avec moins de 3000 F par mois. Pour des lunettes peut-être cassées, oui ; pour des vies de travailleurs brisées, non.

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