Nos lecteurs écrivent - Vache folle : Le point de vue d’un petit éleveur12/01/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/01/une-1696.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Nos lecteurs écrivent - Vache folle : Le point de vue d’un petit éleveur

La crise actuelle de la filière bovine touche en premier lieu les petits éleveurs dont certains risquent fort de disparaître. Les différentes aides qui vont sans doute être concédées ne vont faire qu'accentuer l'écart entre petits et gros exploitants, et il y a fort à parier que les plus aidés seront les plus responsables de la crise actuelle, à savoir les trusts de l'agroalimentaire, les fabricants de farines animales.

Dans le monde agricole, les différentes aides versées le sont toujours en fonction de la surface de l'exploitation et ne tiennent aucunement compte des difficultés réelles des paysans. Ainsi, à chaque crise, ce sont les plus grosses exploitations qui se renforcent et les plus petits disparaissent. Par exemple, en 1996, lors de la dernière crise de la filière bovine, les intérêts des prêts ont été pris en charge sans plafonnement. Pour certains agriculteurs, cela avait représenté une aide de 20 000 F, pour d'autres, une de 200 000 F, voire plus...

Ceci montre à quel point les aides octroyées ont un effet pervers. Pour venir réellement en aide aux petits exploitants, il faudrait tenir compte de la réalité financière de chaque exploitation. Ceci n'est pas impossible, puisque la Mutualité sociale agricole, qui gère les cotisations sociales des exploitants agricoles, connaît bien celle-ci.

L'effondrement qui s'est produit dans les cours de la viande est tel qu'un petit éleveur partant à la retraite fin 2000, et devant pour ce faire vendre son troupeau, a perdu à ce jour 50 % du capital qui aurait pu lui permettre de compenser une retraite des plus modestes (3 500 F par mois pour une personne seule, 5 000 F pour un couple).

La situation est vécue d'autant plus difficilement par les éleveurs que beaucoup pensaient produire d'une manière «saine». En effet, les bêtes sont élevées en plein air la plupart du temps et ne sont vendues qu'arrivées à maturité. Un carnet sanitaire suit chaque animal, avec son origine, son poids de naissance, son suivi médical (une prise de sang est obligatoire tous les ans), etc. Cette carte d'identité doit correspondre aux deux boucles fixées sur les oreilles de l'animal. Les petits éleveurs pensaient d'une certaine manière être plus à l'abri que d'autres producteurs en hors-sol (volailles, porcs), car moins soumis aux trusts de l'agroalimentaire. L'introduction de farines animales dans l'alimentation des bovins s'est faite de manière insidieuse, et sous couvert du secret de production, les farines étant essentiellement composées de luzernes, pulpes de betteraves, maïs, blé.

On le voit une fois de plus, la gestion capitaliste de l'agriculture conduit à accentuer les inégalités, et à produire non pas en fonction des besoins de la population, mais pour alimenter un système qui ne vise qu'à accumuler plus de profits, y compris au détriment de la santé publique.

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